En 2024, la consommation nationale de céréales au Maroc a franchi la barre des 11 millions de tonnes, soulignant une fois de plus la dépendance structurelle du pays à l'égard des importations pour répondre aux besoins alimentaires. Une part prépondérante de cette demande, soit environ 80 %, provient de l'étranger, le Maroc produisant seulement 2,2 millions de tonnes de céréales bien loin des besoins de consommation nationale, selon les données de l'institut spécialisé IndexBox, consultées par Barlamane.com. La faible production locale de céréales reste une caractéristique majeure du secteur agricole marocain. En 2024, la production locale de céréales a chuté de 12 % par rapport à l'année précédente, ne dépassant pas 2,2 millions de tonnes, en raison principalement des conditions climatiques difficiles. Les sécheresses répétées au cours des dernières années ont fortement impacté les rendements, en particulier dans les zones céréalières traditionnelles du nord et du centre du pays. Cette production insuffisante pousse le Maroc à compenser ses déficits par une augmentation continue des importations. Parmi les céréales les plus importantes pour la consommation intérieure, le blé tendre et le maïs dominent largement. Selon le rapport d'IndexBox, la demande intérieure en blé tendre est estimée à 4,5 millions de tonnes, dont près de 80 % est importée. De même, le maïs, essentiel pour l'alimentation animale et la consommation humaine, représente une autre composante majeure des importations marocaines, avec un volume de 2,2 millions de tonnes importées en 2024. Alourdissement de la facture des importations La facture totale des importations de céréales s'est élevée à 3,3 milliards de dirhams en 2024, soit une hausse de 17 % par rapport à 2023, année déjà marquée par une pression inflationniste. L'augmentation des coûts est directement liée à la flambée des prix mondiaux des céréales, notamment en raison des tensions géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine, qui a perturbé les circuits d'approvisionnement, et des problèmes logistiques mondiaux. En outre, les hausses des prix des engrais et des coûts de transport ont également eu un impact sur la facture globale. La France demeure le principal fournisseur de céréales du Maroc, avec des exportations s'élevant à 4,1 millions de tonnes de blé tendre en 2024. Ce volume représente une part significative de la consommation céréalière du Royaume, en particulier pour les meuniers et les industries alimentaires. L'Ukraine, malgré les perturbations liées à la guerre, reste également un fournisseur majeur, ayant exporté vers le Maroc 2,5 millions de tonnes de blé en 2024. Cependant, face à la volatilité des prix et des risques géopolitiques, le Maroc cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement. L'Algérie et les Etats-Unis figurent parmi les nouveaux partenaires commerciaux dans le secteur des céréales, bien que leur part reste marginale par rapport à l'Europe. Face à cette dépendance croissante, les autorités ont lancé plusieurs mesures pour sécuriser les approvisionnements alimentaires et réduire les vulnérabilités liées à la fluctuation des prix mondiaux. Parmi les mesures envisagées, la multiplication des sources d'approvisionnement en céréales et la mise en place de nouvelles infrastructures de stockage ont été soulignées. De plus, les autorités travaillent sur un plan national de soutien à l'agriculture céréalière, visant à renforcer la résilience du secteur face aux effets du changement climatique. Les experts en sécurité alimentaire recommandent également une amélioration des rendements agricoles et un soutien accru aux agriculteurs locaux, afin de limiter la dépendance du pays aux importations. Le renforcement des capacités de stockage, qui permettent de constituer des réserves stratégiques, est également crucial pour faire face à toute crise future.