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L'Association marocaine pour la protection de l'argent public dénonce «une attaque en règle contre les acquis constitutionnels et les engagements internationaux du Maroc»
L'Association marocaine pour la protection de l'argent public (AMPAP) a tiré la sonnette d'alarme, samedi 18 janvier, à l'issue de la réunion de son bureau national tenue à Mohammedia. Dans un communiqué diffusé à l'issue de cette rencontre, elle a exprimé ses vives inquiétudes face à ce qu'elle qualifie de "manœuvres dangereuses", orchestrées par des acteurs bénéficiant des conflits d'intérêts, de la corruption et de l'enrichissement illicite, selon ses termes. Ces pratiques, d'après l'association, «tendent à compromettre les acquis constitutionnels, à porter atteinte aux droits fondamentaux et à entraver les engagements internationaux du Maroc, tout en renforçant les fléaux du favoritisme, de la rente et de la corruption dans la sphère publique.» L'AMPAP a particulièrement dénoncé l'article 3 du projet de loi de procédure pénale, qui interdit aux associations de défense des droits humains et aux citoyens de déposer des plaintes pour des crimes financiers auprès des juridictions compétentes, tout en limitant les prérogatives du parquet dans ce domaine. Elle considère cette disposition comme "une dérive inédite", destinée à créer une législation d'exception au bénéfice de certains élus et responsables publics, en contradiction flagrante avec les principes constitutionnels. Bien que l'association salue les récentes poursuites judiciaires ainsi que les condamnations prononcées à l'encontre de plusieurs auteurs de détournements de fonds publics, elle déplore leur caractère insuffisant. Selon l'AMPAP, «des personnalités influentes, parmi lesquelles de hauts responsables et des élus, continuent d'échapper à la justice, contribuant ainsi à perpétuer un sentiment d'impunité.» L'association a exhorté l'autorité judiciaire «à ouvrir des enquêtes approfondies concernant les soupçons de blanchiment d'argent impliquant toutes les parties concernées, sans distinction.» Elle demande également «la confiscation des biens et avoirs acquis de manière illicite.» Par ailleurs, l'AMPAP plaide pour la criminalisation de l'enrichissement illicite et des conflits d'intérêts tout en appelant à l'adoption d'un cadre juridique moderne, conforme aux conventions internationales relatives à la lutte contre la corruption. Gestion post-séisme truffée d'irrégularités Le bureau national de l'association a également exigé «l'ouverture d'une enquête rigoureuse sur les accusations de malversations liées au programme de reconstruction des zones touchées par le séisme.» Il a demandé que justice soit rendue aux victimes et que les responsables présumés de ces actes soient traduits devant les tribunaux. L'association appelle également à la transmission systématique au pouvoir judiciaire de tous les rapports officiels relatifs à des affaires de corruption en vue de sanctionner les auteurs conformément à la loi et à renforcer les prérogatives des institutions de gouvernance en matière d'intégrité et de moralisation de la vie publique. Pour manifester son engagement, l'AMPAP a annoncé l'organisation d'une marche nationale prévue le dimanche 9 février. Placée sous le thème : "Protéger les lanceurs d'alerte, responsabiliser les dirigeants, lutter contre la corruption et le détournement des fonds publics, criminaliser l'enrichissement illicite et les conflits d'intérêts : les piliers d'un véritable Etat de droit", cette mobilisation appelle à une participation massive des forces démocratiques, politiques, syndicales, associatives et de tous les citoyens. Enfin, l'association a vivement critiqué ce qu'elle considère comme un "manque flagrant de volonté politique" de la part du gouvernement dans la lutte contre la corruption. Elle dénonce notamment l'implication présumée du chef de l'exécutif dans des conflits d'intérêts, ses attaques contre l'Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption mais aussi sa tentative de restreindre le rôle de la société civile et du parquet dans la dénonciation des crimes financiers. Elle regrette également l'inaction de l'exécutif dans l'élaboration de lois destinées à prévenir et à combattre la corruption, compromettant ainsi les efforts de moralisation de la vie publique.