L'attitude algérienne envers la Libye constitue une violation des principes fondamentaux de souveraineté nationale. En cherchant à s'immiscer dans des décisions internes à travers des interventions opportunistes, Alger contribue à miner les bases mêmes d'un Etat libyen fort et stable. Ces manœuvres condamnables alimentent des courants conflictuels déjà exacerbés par des années de guerre civile. C'est désormais une certitude : le dialogue politique libyen en cours, chapeauté par le Maroc sous l'égide des Nations unies en vue de désigner un exécutif unifié de transition et tenter de sortir la Libye de l'impasse politique, rencontre un obstacle considérable : celui de l'Algérie. Le Maroc a piloté «des entretiens parlementaires qui ont déjà abouti à un consensus sur la distribution des postes de souveraineté à la tête d'institutions stratégiques libyennes.» La réaction téléguidée par Alger sur la nouvelle session, tenue à Bouznika, des responsables de la Chambre de représentants libyenne et du Haut conseil de l'Etat démontre à quel point le régime d'Abdelmadjid Tebboune entrave activement l'unité nationale libyenne pour servir ses propos objectifs. Il est à rappeler que l'Accord politique libyen (LPA), signé le 17 décembre 2015 à Skhirat, «demeure le seul cadre viable pour mettre fin à la crise politique en Libye», a affirmé à plusieurs reprises le Conseil de sécurité de l'ONU. «Son application reste une clé pour tenir des élections et finaliser une transition politique», avait insisté le Conseil dans une déclaration adoptée par consensus entre ses quinze membres. L'accord inter-libyen de Skhirat, de plus, a permis la formation d'un gouvernement d'union (GNA). Le Conseil de sécurité, par la même occasion, avait «exhort[é] fortement tous les Libyens à redoubler d'efforts pour travailler ensemble dans un esprit de compromis et à s'engager de manière urgente et constructive dans un processus politique inclusif.» «Tout nouveau retard ne fera que prolonger les souffrances du peuple libyen», a ajouté le Conseil. Rôle néfaste Depuis le début de la crise libyenne, les ingérences étrangères, notamment algériennes, constituent un frein majeur aux efforts pour rétablir une stabilité durable et une unité nationale en Libye. Alger se distingue par une posture ambiguë qui, sous couvert de neutralité, tend à exacerber les divisions internes. Pourquoi ? Parce que l'Algérie, qui se revendique sans cesse «comme un acteur impartial et défenseur des solutions africaines aux crises africaines», semble pourtant opérer dans les coulisses d'une manière qui compromet les efforts de dialogue inter-libyen. Ses récentes manœuvres diplomatiques, ostensiblement destinées à soutenir une solution politique inclusive, se sont révélées être autant de tentatives afin de contrecarrer les processus de négociations menés par des acteurs régionaux de bonne foi, notamment le Maroc. En multipliant les contacts unilatéraux avec certaines factions libyennes, l'Algérie ne fait qu'accentuer les fractures politiques qui durent depuis 2011. Cette approche, qui consiste à privilégier certaines parties au détriment d'un dialogue global, nuit à la construction d'un consensus national, condition sine qua non à une réconciliation durable. Le récent communiqué du gouvernement d'unité nationale (GUN) libyen, critiqué pour ses prises de position jugées arbitraires, en est un exemple éloquent : son ton et son contenu reflètent une influence extérieure vouée à politiser un processus de dialogue pourtant strictement institutionnel. La stratégie algérienne : nourrir les divisions internes L'Algérie a, par ailleurs, utilisé sa diplomatie pour tenter de limiter les bons offices de puissances comme le Maroc, dont l'engagement en faveur d'un dialogue inter-libyen constructif a été largement mis en valeur à l'échelle internationale. Le rôle joué par le Maroc dans la facilitation des pourparlers entre les institutions législatives libyennes s'inscrit dans une démarche de soutien à l'unité libyenne. En revanche, les actions algériennes semblent motivées par une logique de rivalité géopolitique, où la Libye devient un terrain d'expression de ces ambitions régionales. Des sources proches des cercles diplomatiques libyens rapportent que l'Algérie aurait encouragé certaines parties libyennes à remettre en question les cadres de dialogue adoptés à Bouznika et Skhirat, privilégiant des forums alternatifs plus favorables à ses intérêts. Ce soutien à des approches parallèles non consensuelles sape directement les efforts menés pour rétablir une gouvernance unifiée en Libye. Un rôle contraire aux principes de souveraineté et de non-ingérence L'attitude algérienne constitue, également, une violation des principes fondamentaux de souveraineté nationale. En cherchant à influencer les décisions internes à travers des alliances opportunistes, Alger contribue à miner les bases mêmes d'un Etat libyen fort et stable. Ces manœuvres, loin de refléter une posture de médiation neutre, alimentent des courants conflictuels déjà exacerbés par des années de guerre civile. Face à cette situation, il devient impératif pour la communauté internationale de surveiller de près les actions de l'Algérie en Libye. Si le processus de réconciliation nationale doit être conduit par les Libyens eux-mêmes, il ne peut prospérer dans un environnement où des acteurs régionaux attisent les divisions pour servir leurs propres intérêts stratégiques. Le succès des volontés marocaines, qui se sont avérées des plates-formes crédibles et efficaces pour les négociations libyennes, témoigne de l'importance d'un engagement sincère et impartial. À l'inverse, les manœuvres algériennes risquent de prolonger indéfiniment une crise dont les répercussions dépassent largement les frontières de la Libye. Par ailleurs, c'est l'Algérie, avec la complicité de Kaïs Saïed, qui a forcé une participation du président du conseil présidentiel libyen, Mohammed Al-Menfi, en avril, à une supposée première réunion consultative au palais présidentiel de Carthage. Du reste, les conclusions de ces délibérations sont restées lettre morte. Les équipes communes «qui seront chargées de sécuriser les frontières communes [des trois pays]», n'ont jamais vu le jour. Rabat et Nouakchott n'ont pas été conviés à cet événement mort-né censé se tenir «périodiquement» non seulement «pour parler des dossiers politiques mais aussi économiques et sociaux», a-t-on fait croire.