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Amine Tahraoui à la tête de la santé : une nomination de complaisance qui piétine la méritocratie
Publié dans Barlamane le 24 - 10 - 2024

Amine Tahraoui, nommé ministre de la santé et de la protection sociale mercredi 24 octobre malgré son inexpérience politique, suscite de vives critiques liées à son parcours professionnel étroitement lié à Aziz Akhannouch et à son entourage familial. Cette nomination, survenue dans le cadre du remaniement ministériel émaillé de lourdes tractations, est décrite pour ce qu'elle est : la concentration du pouvoir dans les mains de l'appareil d'Aziz Akhannouch
Issu du monde de la gestion, Tahraoui s'est illustré dans l'administration des entreprises familiales d'Aziz Akhannouch. Il a occupé des postes stratégiques au sein des groupes Akwa et Aksal, dirigés par Akhannouch et son épouse, Salwa Idrissi, jusqu'à devenir en 2012 le directeur général du groupe Aksal.
La carrière de Tahraoui dans la sphère d'Akwa ne s'arrête pas là. Il a également dirigé une société en charge du développement des centres commerciaux du holding familial. Cette proximité avec le duo Akhannouch semble avoir joué un rôle déterminant dans sa promotion rapide au sein du secteur public, notamment lorsqu'il a été nommé directeur central au ministère de l'agriculture alors qu'Aziz Akhannouch en était encore ministre. En septembre, Tahraoui a été propulsé secrétaire général de la présidence du gouvernement, sur proposition d'Akhannouch lui-même.
La désignation de Tahraoui à la tête de la santé reflète une tendance qui s'est propagée dans les circuits officiels depuis 2021, où des individus proches des cercles d'influence sont propulsés à des postes clés. Le fait que Tahraoui ait été auparavant secrétaire général de la présidence du gouvernement sans mention d'accomplissements notables dans la gestion des affaires publiques met en cause l'objectivité et la pertinence de ce choix et conforte l'idée que le système d'Akhannouch repose plus sur des allégeances personnelles que sur une véritable compétence avérée.
Le manque de transparence dans ce processus de désignation, aussi, soulève également des inquiétudes plus larges sur l'avenir de la gouvernance sanitaire au Maroc. Les réformes nécessaires pour renforcer le système de santé trébuchent contre d'énormes difficultés et les intérêts privés semblent prendre le pas sur l'intérêt général, selon des derniers rapports liés à ce dossier stratégique.
Tahraoui est-il capable de gérer un domaine aussi complexe que la santé publique et les défis spécifiques liés à la réforme de la protection sociale au Maroc ? Le doute est permis. «La question de la transparence et de la priorité accordée à l'intérêt public serait au cœur des préoccupations. Les professionnels de la santé pourraient s'interroger sur la capacité d'un gestionnaire issu du privé à intégrer les valeurs du service public. Sans une vision qui tranche avec les méthodes de gestion d'entreprises à but lucratif, où l'efficience financière prime souvent sur la qualité des services, les résultats ne seront pas au rendez-vous», détaille un professionnel du secteur consulté par Barlamane.com.
Le manque d'expérience directe d'Amine Tahraoui dans la gestion des politiques de santé publique est un point mentionné avec insistance. Les défis socio-économiques auxquels le secteur de la protection sociale est confronté, comme l'extension de la couverture médicale ou encore la lutte contre les inégalités d'accès aux soins constituent une grande épreuve pour Tahraoui alors que la mise en place de réformes structurelles demande des compétences spécifiques en matière de gestion publique, de coordination entre les acteurs concernés et de gouvernance éthique.
Tacitement, cette nomination soulève des appréhensions sur la gouvernance sanitaire et les possibles conflits d'intérêts, étant donné les liens étroits de Tahraoui avec Aziz Akhannouch. Un tel positionnement, nous confie un connaisseur des arcanes de l'hôpital marocain, pourrait alimenter les craintes d'une politisation de la fonction publique de la santé, voire d'une gestion orientée vers des objectifs économiques plutôt que vers une amélioration substantielle des conditions de vie et de santé de la population.


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