Le Maroc se trouve confronté à une hausse significative des prix de la viande sur son marché intérieur, entraînant une décision d'importation lourde de conséquences pour répondre à la demande nationale. Selon les chiffres récents du ministère de l'agriculture, le prix du kilogramme de viande rouge a atteint jusqu'à 120 dirhams dans certaines régions, en hausse de plus de 30 % par rapport à la même période l'année dernière. Cette augmentation s'explique principalement par la diminution de l'offre, conséquence directe de la sécheresse prolongée qui a réduit la production fourragère et renchérit les coûts d'alimentation animale. En réponse à cette flambée des prix, le gouvernement a autorisé, selon nos sources, des importations massives avec l'achat de plusieurs milliers de tonnes de viande en provenance de plusieurs pays. Ces importations «visent à stabiliser le marché en augmentant l'offre disponible». Les premiers arrivages, prévus d'ici la fin du mois, devraient permettre une réduction des prix à court terme, selon les estimations des experts du secteur. Dans une décision communiquée mardi 15 octobre, le directeur général de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), Abdellah Janati, a dévoilé les conditions et les pays d'origine autorisés pour ces importations. Pour les viandes ovines et caprines, «les importations pourront désormais se faire depuis tous les pays de l'Union européenne, ainsi que d'Andorre, de l'Albanie, de l'Argentine, de l'Australie, du Canada, du Chili, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Nouvelle-Zélande, de la Russie, de la Serbie, de Singapour, de la Suisse et de l'Uruguay», a-t-on détaillé. Pour ce qui est des viandes bovines, les importations seront également autorisées en provenance de ces pays, ainsi que du Brésil, du Paraguay et de l'Ukraine. Selon l'ONSSA, cette mesure reste flexible: la liste des pays autorisés «peut être modifiée en cas d'émergence d'un risque sanitaire pour la santé humaine ou animale lié à l'importation des viandes.» Attention aux normes et aux conséquences à long terme Les viandes importées doivent subir des normes rigoureuses. «Toutes les viandes importées doivent être accompagnées d'un certificat sanitaire délivré par les autorités compétentes du pays d'origine dont une copie est téléchargeable à partir du site web de l'ONSSA ainsi que d'un certificat d'abattage Halal délivré par l'organisme islamique habilité du pays d'origine», précise l'office, ajoutant que les importateurs «devront également disposer de lieux d'entreposage agréés par l'ONSSA, garantissant le respect de la chaîne du froid et des conditions de stockage strictes.» Toutefois, ces mesures ne semblent pas faire l'unanimité. La situation actuelle au Maroc, marquée par une sécheresse persistante, a contraint les autorités à recourir à l'importation de viandes afin de pallier les déficits de production locale. Cette décision, selon des acteurs du secteur qui se sont confiés à Barlamane.com, «résulte d'une gestion agricole défaillante accentuée par les mauvaises politiques mises en œuvre ces dernières années.» Pour eux, «la sécheresse, conjuguée à une gestion inadéquate des ressources hydriques, a provoqué une baisse de la production de viande, faisant grimper les prix de manière exponentielle sur le marché national.» Les spéculations autour de la hausse des prix alimentaires, notamment des viandes, sont devenues une source de préoccupation majeure pour les consommateurs. Selon les dernières données disponibles, le prix du kilogramme de viande a augmenté de plus de 35 % au cours des six derniers mois, mettant en évidence l'inefficacité des mesures prises par le gouvernement pour réguler le marché. Aziz Akhannouch lui-même fait face à des critiques croissantes quant à sa gestion de cette crise. les professionnels pointent du doigt une politique «qui a échoué à anticiper les effets dévastateurs de la sécheresse laissant les petits éleveurs et producteurs sans solutions viables.» Les importations massives de viande, destinées à combler le vide créé par cette situation, pourraient aggraver la dépendance du Maroc à l'égard des marchés étrangers, tout en pesant sur les finances publiques déjà délicates. Les chiffres soulignent l'ampleur de la crise : en 2023, la production nationale de viande a chuté de près de 20 % par rapport à l'année précédente, avec des pertes estimées à plusieurs milliards de dirhams.