Le tournoi olympique de football s'ouvre, mercredi 24 juillet, par le choc Argentine-Maroc au stade Geoffrey Guichard de Saint-Etienne (14H00) et Ouzbékistan-Espagne, à la même heure au Parc des Princes à Paris. Des joueurs pourtant éligibles ne seront pas de la fête. On vous explique pourquoi les coachs ne peuvent pas exiger leur libération. S'appuyant sur une décision rendue en 2008 par le Tribunal arbitral du sport (TAS), les clubs ont le droit de refuser de laisser partir leurs employés. La juridiction de Zurich a offert, depuis, une base juridique solide aux clubs pour faire valoir leurs droits. Aux origines de cette polémique, se trouvent trois clubs : FC Barcelone (Espagne), FC Schalke 04 et SV Werder Bremen (Allemagne), qui ont porté devant le TAS leurs griefs contre une résolution unilatérale de la FIFA (Commission du statut du joueur) autorisant les footballeurs à participer aux Jeux de Pékin. Malgré l'opposition de leurs dirigeants, le Blaugrana Lionel Messi, futur meilleur joueur du monde, est allé gagner le titre olympique avec l'Argentine, tandis que Diego (Werder) et Rafinha (Schalke) ont aidé le Brésil à dominer la Belgique (3-0) dans la finale pour la médaille de bronze. Ce sera la dernière fois qu'un joueur pouvait défier la volonté de son club. Dans sa décision (CAS 2008/A/1622-1623-1624) rendue le 2 octobre 2008, soit quelque temps après la fin des olympiades en Chine, le TAS a donné raison aux plaignants, du fait que le tournoi olympique ne figure pas au calendrier officiel de la FIFA et qu'aucune résolution de son Comité exécutif n'a établi une obligation de mettre à disposition des joueurs de moins de 23 ans. En conclusion, le Tribunal arbitral du sport a appelé «au bon sens et à la bonne volonté» de la FIFA et des clubs pour trouver à l'avenir «une solution claire, équitable et largement acceptée sur cette question à la lumière de l'esprit olympique.» Les années sont passées et la situation est restée en l'état. La FIFA ne peut légalement qu'en appeler à la solidarité des clubs pour faire un geste envers les sélections. La France, pays hôte, le Maroc, l'Argentine et l'Espagne seront les nations les plus pénalisées par les absences en 2024, au regard du réservoir impressionnant de joueurs pétris de qualités dont elles disposent et qu'elles ne pourront pas convoquer; Très longtemps suspendus aux négociations des fédérations nationales avec les présidents de clubs, les coachs des équipes présentes à Paris-2024 ont repoussé jusqu'au bout la communication de leurs listes, dont certaines sont devenues aussitôt caduques suite à des rétropédalages de dernière minute. A titre d'exemple, le défenseur marocain Ayman El Ouafi figurait dans l'équipe annoncée par Tarik Sektioui, sauf que son club suisse, FC Lugano, a subitement changé son fusil d'épaule et lui a interdit d'accompagner les Lionceaux de l'Atlas. Le Maroc sera notamment privé du maestro Brahim Díaz et du prometteur Ismaël Saibari. L'Espagne devra faire sans ses champions d'Europe, Lamine Yamal, Nico Williams et Pedri. L'Argentine enregistre les absences notables du champion du monde Enzo Fernandez et de la star montante Alejandro Garnacho. Enfin, la France défendra ses chances en se passant des services des pépites parisiennes Bradley Barcola et Warren Zaire-Emre, entre autres,. Face à l'intransigeance des clubs, des générations de talents prometteurs ne pourront plus rêver d'entrer au panthéon des footballeurs champions olympiques, aux côtés des légendaires Ferenc Puskas, Jay-Jay Okocha, Samuel Eto'o, Lions Messi et Neymar.