Intervenant, vendredi 10 mai, lors du MD Sahara, forum de nos confrères du Maroc diplomatique, l'ambassadeur du Maroc aux Nations unies, Omar Hilale, a fait savoir que l'Algérie ne conçoit ses projets que pour tenter désespérément de neutraliser ceux du Maroc. Le haut-responsable politique marocain a évoqué l'exemple d'une pseudo-réunion consultative organisée récemment à Tunis par les dirigeants de la Tunisie, de l'Algérie et de la Libye, afin, selon eux, «de lutter ensemble contre les conséquences de l'immigration clandestine et de confédérer leurs stratégies sur la question». Officieusement, cette assemblée était dirigée contre le Maroc et annoncée par le chef de l'Etat tunisien, Kaïs Saïed, accusé de brader la souveraineté de son pays au profit du régime algérien. Par ailleurs, le président du conseil présidentiel libyen, Mohammed Al-Menfi, qui a participé à cette réunion au palais présidentiel de Carthage, a préféré prendre ses distances des plans du président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui veut outrepasser l'Union du Maghreb arabe (UMA) en imposant l'idée d'un nouveau bloc bancal et illégitime, rejeté par le Maroc et la Mauritanie. Premier couac à ces intentions irréalisables, la Libye a l'intention de ne plus participer à ces réunions pseudo-consultatives, Tebboune ayant proposé une rencontre tripartite trimensuelle dont l'ordre du jour sera fixé d'avance par ses services, selon des sources diplomatiques libyennes. Des milliards dilapidés pour importuner le Maroc. L'ambassadeur marocain, dans son exposé qui a duré une vingtaine de minutes, a affirmé que le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, qui doit approvisionner l'Afrique de l'Ouest et l'Europe, est «la seule perspective qui présente des gages pour l'avenir». Pour rappel, un mémorandum d'entente a été signé à Rabat avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour renforcer ce projet auquel participent également la Mauritanie et le Sénégal, ainsi que d'autres pays du corridor sahélien. Le gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP), qui séduit les bailleurs de fonds, est long de 6 000 kilomètres, il devrait traverser une dizaine de pays africains et alimenter des Etats enclavés confrontés à des risques énergétiques majeurs comme le Niger, la Burkina Faso et le Mali. Il doit permettre d'acheminer plus de 5 500 milliards de mètres cubes de gaz naturel et contribuer au développement de l'Afrique. De l'autre côté, le projet algérien, le gazoduc transsaharien (TSGP), censé expédier du gaz nigérian vers l'Europe en passant par le Niger et l'Algérie est au point mort : Alger et Niamey ne s'entendent plus, le paternalisme algérien au Sahel est devenu plus intenable que jamais, les groupes terroristes rendent la viabilité et la sécurité du projet quasi-impossible et, enfin, les investisseurs ne se bousculent pas pour financer une idée conçue uniquement pour contrarier les plans marocains, lesquels avancent sereinement.