Il y a un proverbe arabe qui, pour justifier le caractère ou le comportement de quelqu'un et de signifier que ça lui vient de sa famille, dit ''D'où vient cette branche ? de cet arbre'', et c'est souvent, voire toujours vrai. Et comme une règle doit absolument avoir une exception pour la confirmer, alors Aboubakr Jamaï est cette exception, une branche qui nous vient de nulle part, pas du tout reliée à l'arbre de sa famille. Et comme on dit, ils doivent se retourner dans leurs tombes, le père Khalid et le grand-père Bouchta. Ces deux-là avaient glorieusement combattu la France coloniale, pour le second, ou lutté pour ses idées, pour le premier. Dbibina s'interroge sur le rôle exact du petit Aboubakr, l'homme qui a voulu être un héros de la presse, a presque réussi, avant de se tirer une balle dans le pied, puis dans le genou. Ce n'est plus de l'opposition qu'il fait, c'est quelque chose qui approche de manière inquiétante de la félonie : servir des maîtres à penser pour nuire aux siens, sans comprendre que sans leur nuire aucunement, il passe désormais pour un vendu. Dommage pour le nom illustre de Jamaï. Il avait pourtant bien commencé, le Aboubakr, se souvient Dbibina, avec son Journal qui faisait des choses intéressantes, mais de là à penser qu'il avait supplanté les élites dans le débat sociétal sur la famille, comme il le dit, voilà qui est un peu fort, voilà qui s'appelle pécher par excès d'orgueil. Il a toujours été comme ça d'ailleurs, Aboubakr, se rappelle encore Dbibina, comme le jour où il avait posé devant caméras et appareils photo pour immortaliser sa grève de la faim de quelques heures ! Puis le même Jamaï, une fois son journal fermé pour graves irrégularités dans la comptabilité, se fait ''opposant'', ''exilé'', ''intellectuel engagé'' un peu partout dans le monde, et aujourd'hui il gagne sa vie comme ''doyen'' de l'Institut Universitaire Américain de Madrid. Et Dbibina sait que c'est parfois en cette qualité que Jamaï, qui vit entre la France et l'Espagne, accourt dès que la télé publique française l'appelle, quand elle veut en découdre avec le Maroc. Là, le petit Jamaï se répand en phrases savantes qui ne démontrent rien d'autre que l'écart qu'il a lui-même mis avec la société marocaine, qui voit là le rejeton d'une illustre famille faire les basses œuvres de services hostiles à son pays. Et il fait la même chose en Espagne, comme dernièrement dans le magazine Público où il développe les idées qui plaisent à ses commanditaires, avec les stéréotypes habituels, ''régime autoritaire '', ''achat de la paix sociale'', ''répression du Rif'' ou encore ''la diplomatie de la Mamounia'', ''la pression d'hommes d'affaires sur Pedro Sánchez''... Dbibina se dit que cet homme ne s'est même pas renouvelé dans son argumentaire. Ses arguments datent d'il y a au moins 20 ans ! Et les autres qui le croient, rigole Dbibina. Jamaï, le félon inaudible Mais Jamaï innove cette fois en regrettant qu'en ne disant pas ses vérités au Maroc, ''l'Espagne n'aide pas le Maroc''. Il en est encore là, le petit Jamaï, dans l'idée que les gentils blancs aideront les autochtones, les indigènes ! Et dire que son grand-père avait combattu et avait frôlé la mort précisément pour que personne ne vienne ''aider'' le Maroc, capable de se suffire à lui-même ; et dire que le père avait assumé de critiquer les institutions marocaines, au Maroc, dans son pays ! Mais le grand-père est mort, le père aussi et avec eux leur noblesse d'âme. Leur descendant doit le savoir, lui qui les cite comme de grands personnages mais Dbibina se demande avec une certaine pitié si le petit Jamaï prend la mesure de l'écart entre ses père et grand-père et lui-même. Et quand il aborde le Sahara, le petit reste dans la même logique (la sienne), celle qui veut que ''l'affaire du Sahara a toujours servi, jusqu'à aujourd'hui, à lutter contre l'opposition''. Cet homme continue de vivre dans les années 70 du siècle dernier, constate Dbibina, ou dans le déni le plus total. Il doit souffrir à l'intérieur de lui-même pour contester tant de choses dans son pays et se savoir rejeté par sa société ! Il va même jusqu'à contester la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara... Bouchta et Khalid doivent vraiment se retourner dans leurs tombes. Le petit Jamaï se dit ''doyen'', expert en science politique et autres qualités auto-attribuées et il ne sait même pas qu'un Etat peut reconnaître la marocanité du Sahara en bilatéral mais qu'il s'inscrit dans le processus onusien sur plan multilatéral. Dbibina pense que soit Jamaï ment et se fait passer pour un ignorant soit il ignore réellement les us et coutumes diplomatiques internationales, et dans les deux cas, Dbibina a encore pitié pour lui. Et encore plus quand il le voit prendre comme référence des journalistes français, prendre comme preuve d'intégrité Reporters sans frontières (RSF), parader sur les plateaux télé français ; un complexe du colonisé tenace, pense Dbibina, d'autant plus pernicieux qu'il touche le rejeton de grands nationalistes et patriotes ! Cependant, Dbibina relève quelque chose dans cet entretien à Público : Jamaï sait garder un œil sur son gagne-pain. En effet, travaillant pour un établissement américain, il prend garde à ménager Israël, dit ''comprendre la normalisation'', ne dit rien des dirigeants israéliens... Et oui, c'est la force du dollar et la peur de Jamaï d'en perdre ! Finalement, ça doit être confortable d'être félon... les euros des français et les dollars des américains, pour taper sur son pays et salir le nom de sa famille.