Les Assises sénégalo-marocaines de la décentralisation, tenues à Dakar sous le parrainage du président Macky Sall et marquées par la participation d'une importance délégation marocaine, ont pris fin mardi soir. La forte délégation marocaine, conduite par le Gouverneur chargé du pôle Coopération et Documentation, au sein du ministère de l'Intérieur, Abdelouhhab El Jabri, est composée des élus et représentants des Collectivités Territoriales du Maroc, des Représentants du ministère de l'Intérieur, de l'INDH, de la CDG, du FEC, de l'Association Marocaine des Présidents des Conseils Communaux (AMPCC), et de l' Association des Régions du Maroc (ARM). Deux jours durant, les élus et experts marocains et sénégalais ont partagé des expériences de bonnes pratiques locales sanctionnées par une série de recommandations. Pour le Maroc, indique le Rapport publié à la clôture de ces Assises, il s'agit de la révision des Lois Organiques relatives aux Collectivités Territoriales comme recommandée par d'autres institutions constitutionnelles (CESE, Cour des Comptes, la Chambre des Conseillers), l'accélération de la mise en œuvre du chantier de la décentralisation, et l'amélioration des ressources financières des Collectivités Territoriales. Le rapport parle aussi de l'investissement dans le capital humain (élus et fonctionnaires), la mise en cohérence des stratégies de développement régional, et la clarification approfondie des missions et des compétences des acteurs locaux. Concernant le financement des projets des collectivités territoriales et concernant le Fonds Africain d'Appui à la Coopération Décentralisée (FACDI), il a été recommandé de créer un Fonds conjoint qui concerne les Collectivités Territoriales Marocaines et Sénégalaises. Concernant les mécanismes de financement des Collectivités au Maroc, le représentant du Fonds d'Equipement Communal FEC a dans sa présentation passé en revue les missions et la contribution du FEC au développement communal, la gouvernance, les modalités d'intervention et quelques chiffres sur le financement des Collectivités par le FEC. S'agissant de la territorialisation des politiques publiques, le représentant de la Caisse de Dépôt et Gestion a exposé le rôle de la CDG dans le domaine. Pour ce qui est de la gestion des déchets ménagers, indique le rapport, la représentante de la Direction générale des Collectivités Territoriales (DGCT) a passé en revue les forces et faiblesses du secteur de la gestion des déchets (cadre réglementaire et institutionnel, l'implication de différents partenaires : Ministère de l'intérieur, département de l'environnement, la région, province, CN-PNDM, UGP ), la publication de la loi 28-00, l'amélioration de la soutenabilité financière du secteur et l'engagement de l'Etat via la soutenabilité financière des collectivités territoriales dans la réalisation de leurs projets. Concernant un cas local de la gestion des déchets, le représentant de la Commune de Tanger a notamment spécifié que les déchets de la ville de Tanger, peuvent être valorisés via quatre voies possibles : le recyclage, la valorisation énergétique sous forme de Combustibles Solides de Récupération, le compostage, technique simple de l'ensemble des déchets biodégradables majoritaires sur nos déchets, et la Bio-méthanisation qui permet la double valorisation, matière et énergétique. L'orateur a confirmé qu'une combinaison des trois premiers modes sera idéale pour une exploitation efficiente du gisement des déchets de la ville de Tanger et que les traitements biologiques restent avantageux, selon le document, souligne-t-on dans ce rapport. Concernant l'INDH, le représentant du Ministère de l'Intérieur a passé en revue l'expérience du Maroc en matière de développement humain. Quant à la mobilité urbaine, cas de Casablanca, elle a été présentée par le vice-président de la Commune de Casablanca, qui a conclu sur le fait que le transport urbain dans la capitale économique est en constante évolution pour répondre aux besoins d'une population croissante et que les projets et les initiatives durables sont essentiels pour assurer une mobilité durable et respectueuse de l'environnement, selon le rapport. L'orateur a affirmé que la congestion du secteur demeure un défi et il est nécessaire de mettre en place une planification intelligente et anticipatrice pour maintenir la fluidité du trafic. Concernant la digitalisation, le cas novateur de la commune de Berkane a été présenté lors de ces assises. De même, l'expérience des Géo Park de Béni Mellal a été étalée lors d'une séance plénière par un représentant de la Région de Béni Mellal. Lors de ces assises, l'expérience des Gouvernements ouverts a été présenté par une représentante du Ministère de l'Intérieur. Les assises, tenues sous le thème: « Ensemble, les Collectivités territoriales tracent la voie d'une coopération décentralisée Sud-Sud empreintes d'innovations et de progrès », ont été marquées par la signature mardi d'une trentaine de conventions cadres entre les communes du Sénégal et du Maroc dont deux avec le conseil régional de Laâyoune Sakia-El Hamra, avec la commune Kaffrine et entre le conseil communal de Mijek et la commune de Sagatta Gueth. Ces conventions cadres ont pour objet de mettre en place un espace et une plateforme favorables au développement d'actions de coopération décentralisés en établissant des relations durables entre les signataires. En vertu de ces conventions, les collectivités signataires s'engagent à promouvoir la concertation, le cofinancement, le suivi et l'évaluation des actions entreprises, à développer les échanges d'expériences, de connaissances, et de savoir-faire et à valoriser les compétences et les spécificités de chacun. L'évènement a été également marqué par la signature, lundi lors de la cérémonie d'ouverture, d'un Protocole d'intention de coopération et de partenariat entre l'AMPCC et l'AMS. Les Assises ont été clôturées mardi soir par la lecture de la « Déclaration de Dakar », dans laquelle les participants recommandent notamment l'institutionnalisation de ces rencontres « à travers une périodicité intégrée dans les Agendas des organisations des Collectivités territoriales et des ministères en charge de la décentralisation des deux pays ». Ils recommandent aussi « l'instauration d'un Fonds conjoint à la coopération décentralisée sénégalo-marocaine et le renforcement des actions de coopération et de diplomatie des territoires entre collectivités territoriales des deux pays ». Dans cette Déclaration, les participants recommandent aussi la mise en place d'une Commission bilatérale chargée du suivi des recommandations des présentes assises.