Ingénieure, femme engagée, elle est la première épouse royale à porter le titre de princesse consort. Très active, son charisme et son dévouement font l'admiration du roi et de ses sujets. Une reine peut en cacher une autre. A force de parler de Rania de Jordanie, souvent présentée comme la plus belle souveraine du monde et incarnation féminine du monde arabe, on en oublierait qu'une autre épouse royale s'est hissée dans le club très restreint des plus jolies first ladies de la planète. Insaisissable et mystérieuse, Lalla Salma apparaît comme un cas à part dans le gotha. La seule à exhiber une rousseur aussi flamboyante, la première à porter un titre de princesse consort et la femme la plus populaire de son pays si l'en en croit les sondages. Le destin de Salma Bennani n'a pourtant pas commencé comme un conte de fées. Orpheline de mère depuis l'âge de trois anset issue de la classe moyenne de Fès, elle a été élevée par sa grand-mère dans le quartier Qbibat à Rabat. Fille de professeur, elle connaît une jeunesse relativement simple et se révèle être une bonne étudiante qui atteint un excellent niveau de français et décroche un diplôme d'ingénieur d'Etat en génie informatique. Décidément moderne, Salma s'engage dans la vie activeen travaillant au sein d'un groupe privé appartenant en partie à la famille royale marocaine. Sa vie bascule en 1999 lorsqu'elle fait la connaissance du jeune roi Mohammed VI qu'elle épouse trois ans plus tard. Au Maroc, c'est une véritable révolution de palais. Pour la première fois, une femme est officiellement désignée comme la conjointe-consort d'un souverain et le monde entier découvre la perle rare à l'occasion d'une cérémonie digne des contes de mille et une nuits. Un dahir (décret royal) lui accorde le titre de princesse avec qualité d'altesse en faisant d'elle une presque reine ! Jusqu'à présent, les épouses des souverains chérifiens étaient cantonnées au secret, ce qui ne les empêchait pas de jouer un rôle important dans les coulisses du palais, comme cela avait été le cas de la mystérieuse Lalla Latifa, mère du roi Mohammed VI. Les Marocains s'habituent à voir la silhouette élégante de cette femme à la chevelure ardente qui représente leur pays lors de nombreuses cérémonies à l'étranger. Elle devient une habituée des rencontres du gotha européen, assistant notamment au mariage de William et Kate au Royaume-Uni ou encore de Guillaume et Stéphanie au Luxembourg. Au début de l'été,Michelle Obama et Lalla Salma s'embrassent chaleureusement en en se retrouvant à Marrakech dans le cadre du programme Let Girls Learnqui œuvre à la scolarisation des jeunes filles dans les pays défavorisés. Particulièrement active dans le domaine social, Lalla Salma s'engage dans de nombreux combats humanitaires dont la lutte contre le cancer.
Très vite, la princesse prend conscience de l'importance de son image. Chaque fois qu'elle apparaît en public, Lalla Salma est au centre de l'attention, au point de devenir la première ambassadrice de la mode et du savoir-faire marocain. Elle arbore de somptueux caftans dont le modèle rose pâle choisi pour le mariage du duc et de la duchesse de Cambridge. A l'époque, de nombreux spécialistes de la mode jugent même qu'elle décroche la palme de l'élégance. A Rabat, on murmure que le roi attache une grande importance aux toilettes de son épouse et qu'il va jusqu'à les choisir personnellement pour les grandes occasions. A ses yeux, la princesse incarne à la perfection la nouvelle femme marocaine, à la fois respectueuse des traditions et émancipée. Dès lors, chaque choix vestimentaire est décrypté avec autant de soin que s'il s'agissait d'un discours politique.Et quand la princesse non voilée opte pour une robe courte, zippée et ceinturée à la taille à l'occidentale, c'est aussi une réponse claire à l'image obscure et rétrograde que les radicaux voudraient renvoyer de la femme. Dans un contexte politique et sécuritaire troublé, l'épouse du Commandeur des croyants est devenue un symbole de premier plan. Depuis le début de son règne, Mohammed VI s'est engagé dans le domaine du droit des femmes. « Comment espérer atteindre le progrès et la prospérité alors que les femmes, qui constituent la moitié de la société, voient leurs intérêts bafoués ? » déclare-t-il, alors qu'il vient de monter sur le trône. Depuis lors, l'engagement royal envers la parité ne s'est jamais démenti, au point d'être souvent surnommé le « roi des femmes ». Pour autant, il n'est pas facile de forcer les mentalités à changer. La société marocaine reste très traditionnelle et l'image de la princesse consort fait partie du vaste train de réformes engagé par le palais. A 38 ans, Lalla Salma a donné deux enfants à la Couronne. Un vrai « choix du roi », avec un petit garçon, Moulay El Hassan, le jeune prince régulièrement associé aux activités officielles, et sa petite sœur, Lalla Khadija, beaucoup plus discrète sur la scène publique. Très présente côté cour, la famille royale marocaine veille côté jardin jalousement sur sa vie privée et les échotiers du gotha en sont réduits à se fier aux chuchotements qui courent les rues des médinas. On la sait amie de certaines familles du gotha et attachée à la France. Lalla Salma est très proche de ses enfants et apprécie les vacances à Dakhla, perle du Sahara occidental et spot idéal pour le kitesurf. Si la famille royale dispose d'une escouade de domestiques et de gouvernantes pour l'éducation des petits princes, Son Altesse sait aussi passer outre et briser les usages d'une cour au cérémonial très strict. Au grand dam des gardiens de la tradition, elle n'hésite pas à bousculer le protocole et à déjeuner avec son personnel.Chose impensable il y a encore quelques années, elle accepte de se laisser prendre en photo avec des passants et se montre accessible lors de ses sorties privées. A y réfléchir, Lalla Salma serait presqu'une femme comme toutes les autres, si elle n'occupait pas une place unique au monde.