Le PJD, cantonné dans l'opposition, entend se servir du pays et ne pas le servir. Le communiqué du cabinet royal est une sérieuse sommation adressée à ceux qui subordonnent les intérêts suprêmes du Maroc aux calculs étriqués de parti. À l'issue d'une réunion extraordinaire, mercredi 15 mars, la direction du PJD assure avoir «accepté les observations et mises en garde émises par Sa Majesté [le roi Mohammed VI]», selon un communiqué où la formation islamiste présente ses excuses. Le cabinet royal a condamné, lundi 13 mars, le comportement «irresponsable» du PJD après que ce dernier a accusé le chef de la diplomatie marocaine de parti pris pro-israélien. «Le secrétariat général du PJD a récemment publié une déclaration contenant des dépassements irresponsables et des approximations dangereuses concernant les relations entre le Royaume du Maroc et l'Etat d'Israël», a souligné le cabinet royal dans un communiqué. «La position du Maroc envers la question palestinienne est irréversible», a rappelé le cabinet royal, qui précise que «la politique extérieure du royaume est une prérogative de Sa Majesté le roi (Mohammed VI) en vertu de la Constitution». Elle «ne saurait être soumise aux surenchères politiciennes et aux campagnes électorales étriquées», souligne le communiqué. «L'instrumentalisation de la politique extérieure du royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable», insiste le cabinet. Les contradictions d'un parti démagogue Pourtant, le Maroc et Israël ont repris leurs relations diplomatiques en décembre 2020 quand le PJD était à la tête de la coalition gouvernementale. Mieux, Nasser Bourita a exprimé à maintes reprises l'engagement marocain en faveur de la question palestinienne («l'une des priorités de la politique étrangère du Royaume»), sous la direction du roi Mohammed VI qui préside le comité Al-Qods, chargé de «préserver le caractère arabo-musulman» de Jérusalem. Le PJD a toujours activé un étrange système pour servir ses propres intérêts. Son communiqué contre M. Bourita n'est que le dernier mot d'une assez pauvre tactique, laquelle laisse entrevoir une politique opportuniste et une campagne plus bruyante que sérieuse destinée, en réalité, à saper les efforts du gouvernement dans des circonstances internationales fluctuantes. Le PJD a toujours privilégié ses intérêts sur ceux du pays, à commencer par sa désapprobation de la nouvelle loi électorale où le quota d'élus vise tous les partis. Une réforme qu'il a décrite comme un «recul démocratique qui affaiblit les institutions de manière inédite dans l'histoire du Maroc». Deux autres dossiers ont été utilisés par le PJD pour attiser les mauvaises passions ; la reprise des relations avec Israël et le projet de légalisation du cannabis thérapeutique –qualifié par Benkiran comme une «légalisation de la drogue», lors d'une réunion extraordinaire houleuse du PJD. Le PJD s'aveugle sur ses propres turpitudes Depuis sa grande déroute électorale de 2021 (qu'il remet en cause); le PJD mène une vie factice et désorganisée. En commentant légèrement les intérêts du pays, il piétine sur les fondements de la puissance nationale. La vérité est qu'une fois dans cette voie, le PJD est exposé à ne plus pouvoir s'arrêter. Le communiqué du cabinet royal est un coup d'assommoir salutaire qui concerne, in extenso, toute partie qui oserait transiger sur les intérêts les plus inviolables de la nation. Le PJD, souvent, a cultivé les idées fausses et les passions malsaines pour attaquer ses adversaires politiques. Il n'a peut-être fait qu'un choix de parti là où un choix de patrie était plus nécessaire que jamais. Le Maroc entend procéder à une réforme de son code de la famille, dans le cadre d'un large débat national. Depuis quelques semaines déjà, le PJD s'est fait le porte-étendard des opposants à la réforme avec des arguments fantaisistes qui frôlent le complotisme. Tout le monde se souvient du triste Comité national de protection de la famille, machine de guerre contre la réforme de 2003. Cette dernière qui n'a abouti que grâce à la clairvoyance royale et la lucidité des forces vives de la société. Le PJD déboussolé La plus dangereuse des chimères est de favoriser des idées avec lesquelles il n'y a pas d'avenir possible, en s'alliant à des pris-partis mortifères. Qu'il s'agisse des affaires diplomatiques, des affaires religieuses ou des affaires juridiques, nul est autorisé à remettre en cause à l'indépendance de la souveraineté nationale. Le PJD ne s'aperçoit pas qu'à son triste jeu, rien ne se fonde. Ses derniers communiqués éclairent d'une lumière sinistre un état moral d'une formation politique divisée qui cherche ses repères. Comment en serait-il autrement ? Pendant des années, le parti islamiste a incarné les défaillances d'une politique démagogue qui n'a plus sa place dans le monde. Après son mea culpa, le PJD a tout intérêt à entamer son autocritique. Son erreur ou son malheur aujourd'hui serait de se mettre en contradiction avec la volonté nationale. Dans des circonstances internationales qui ne laissent pas d'être délicates, nulle question décisive ne peut être réduite à une stratégie partisane et à ses dispositions turbulentes.