Le président français Emmanuel Macron se rendra du 25 au 27 août en Algérie, a annoncé samedi l'Elysée, une visite qui se déroule dans un contexte difficile pour la France et l'Algérie. Le président français et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune ont évoqué cette visite lors d'un entretien téléphonique samedi. Emmanuel Macron a remercié son interlocuteur pour son «invitation à venir en visite en Algérie». Ce déplacement fait suite à une première visite d'une douzaine d'heures en décembre 2017 au début de son premier quinquennat. Il a aussi présenté «ses condoléances au Président Tebboune, à l'ensemble du peuple algérien et aux familles et proches des victimes des terribles incendies des derniers jours». Les gigantesques incendies qui ont ravagé mercredi et jeudi le nord de l'Algérie au fait 37 morts, selon un bilan officiel. Ces feux étaient presque tous éteints samedi, ont indiqué les pompiers. «Le chef de l'Etat a fait part à son homologue de la disponibilité de la France à fournir à l'Algérie des moyens terrestres et aériens pour y faire face», a indiqué l'Elysée. L'ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt ne voit en revanche «pas bien l'intérêt d'une telle visite actuellement». «Il n'y a pas de changement récent dans les relations avec l'Algérie», fait-il observer. «Il faudrait quand même qu'il y ait des gestes d'Alger sur un certain nombre de nos demandes que sont les laisser-passer consulaires, les affaires économiques», avance-t-il. Paris et Alger espèrent d'abord tourner la page d'une série de malentendus et tensions. La relation avec le nouveau président français, le premier de la Ve République à être né après la Guerre d'Algérie, s'annonçait pourtant sous les meilleurs auspices. Lors d'un déplacement à Alger en février 2017, Emmanuel Macron, alors candidat à l'Elysée, avait qualifié la colonisation de «crime contre l'humanité», suscitant des espoirs de repentance en Algérie tout comme de vives critiques de la droite et de l'extrême-droite en France. De retour à Alger le 7 décembre 2017, quelques mois après son élection, il appelait à ne pas rester «otages» du passé et à bâtir des «relations beaucoup plus développées» entre les deux pays. Il a multiplié depuis les gestes mémoriels, reconnaissant la responsabilité de l'armée française dans la mort du mathématicien Maurice Audin ou de l'avocat nationaliste Ali Boumendjel, sans aller jusqu'à présenter des excuses pour la colonisation française. Les relations franco-algériennes ont connu un coup de froid lorsqu'en septembre 2021, selon des propos rapportés dans la presse, il a reproché au système «politico-militaire» algérien d'entretenir une «rente mémorielle» autour de la guerre d'indépendance et s'est interrogé sur l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation. L'Algérie a alors rappelé pendant trois mois son ambassadeur à Paris. Emmanuel Macron a finalement dû faire part de ses «regrets» devant la polémique engendrée, afin de désamorcer la crise.