Les responsables de l'association marocaine sont persuadés de l'existence d'autres victimes, qui seraient en fait les victimes d'un système d'oppression bien établi. Le 17 juin, quatre femmes marocaines, soutenues par une association de défense des victimes d'abus sexuels, ont porté plainte contre Jacques Bouthier. Les victimes de ce dernier ont dénoncé, lors d'un reportage diffusé sur la chaîne basée à Londres Al-Arabi, le 20 juin, «des comportements non désirés à connotation sexuelle de la part de M. Bouthier, portant atteinte à leur dignité, lesquels ont créé un environnement intimidant, hostile, dégradant et humiliant.» L'Association marocaine pour les droits des victimes (AMDV), qui soutient ces femmes, a déclaré que «les agissements de harcèlement de M. Bouthier sont d'autant plus graves qu'ils visaient non seulement à obtenir des faveurs de nature sexuelle à son profit, mais qui s'exerçaient sur des personnes en situation de fragilité, lesquelles recevaient de vils salaires malgré les profits colossaux engrangés par l'entreprise.» L'ancien patron de l'entreprise de courtage Assu 2000 est accusé de «traite d'êtres humains, harcèlement sexuel et violences verbales et morales», avait déclaré Karima Salama, avocate de l'association AMDV. Les faits présumés se seraient produits entre 2018 et le début 2022. «Le climat de travail se dégrade, les menaces de licenciement sont fréquentes. Dans ce contexte, les remarques misogynes à mon égard deviennent presque régulières; la stigmatisation, la persécution et le rabaissement sont devenus la règle parce que je n'ai jamais cédé aux avances de M. Bouthier», a déclaré une des victimes. Des complices parmi des responsables français, disent les victimes «Une enquête est ouverte et nous faisons confiance à la justice», a précisé l'AMDV lors d'une conférence de presse à Tanger, où travaillaient les quatre plaignantes, âgées de 26 à 28 ans, par le groupe Assu 2000 (rebaptisé Vilavi). Trois d'entre elles ont témoigné sous couvert de l'anonymat, leur identité protégée par un masque sanitaire et des lunettes noires. Elles ont affirmé avoir été licenciées après avoir refusé de «céder au harcèlement et au chantage» de Jacques Bouthier «et de ses complices parmi les responsables» français et marocains de sa société à Tanger. «Jacques Bouthier n'a aucune morale, ni éthique. Il est persuadé qu'avec son pouvoir financier il peut tout se permettre en toute impunité», a dénoncé la présidente de l'association et avocate Aïcha Guellaa. «Il y a des témoins, il y a des preuves tangibles, il y a des échanges sur WhatsApp, par mail», a-t-elle ajouté. Les plaintes ont été déposées auprès du procureur général à Tanger. Pour cette activiste chevronnée, il est nécessaire que «s'ouvrent des espaces de parole et des lieux d'accueil pour les femmes victimes de harcèlement sexuel. C'est un phénomène massif et courant, mais souvent passé sous silence et totalement banalisé.» Fin mai, après la révélation d'une affaire sordide de scandale sexuel, Jacques Bouthier, a été mis en examen et incarcéré avec cinq autres personnes, dans une enquête pour «traite des êtres humains» et «viols sur mineure».