Tombé en disgrâce à la suite d'une affaire aux ramifications inconnues, le général-major à la retraite revient sur le devant de la scène avec sa nomination à la tête de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure. Les cartes brûlées, seul recours désormais au tenants du pouvoir en Algérie ? Être directeur général de la Documentation et de la sécurité extérieure (DGSE) en Algérie est un des postes le plus périlleux au monde. Le général Noureddine Mekri, dit «Mahfoud Polisario», longtemps célébré par la presse algérienne proche du régime pour son intransigeance, et son bras-droit Hamid Hocine ont été évincés de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGSE), sans ménagement. Devenu le maître des horloges depuis sa nomination à la tête de l'armée algérienne, Saïd Chengriha conduit une nouvelle purge au sein des services tout en repêchant certaines figures que les Algériens croyaient tombées en disgrace, telles que l'ancien général-major retraité Djamel Kehal Medjdoub. Le secret en Algérie ne permet plus de gérer le pouvoir au sein des appareils d'Etat, et les services algériens, «détenteurs des véritables intentions des gouvernements dans le pays», pour reprendre l'expression courante, sont un véritable chaos, depuis que l'armée a décidé, en 2019, de reprendre la main sur ces institutions qui s'étaient au fil des décennies détachés de l'état-major. L'ancien responsable de la sécurité présidentielle, le général Djamel Kehal Medjdoub, en poste depuis dix ans jusqu'à 20154, a été remplacé par le général Nacer Habchi. Depuis qu'il a été dépouillé de cette direction, chargée de la sécurité personnelle du chef de l'Etat et du palais présidentiel et qui travaille en étroite collaboration avec la garde républicaine, Medjdoub a traversé une détresse politique et personnelle inédite. Djamel Kehal Medjdoub était un de trois responsables de postes clés de l'appareil sécuritaire algérien (garde républicaine, sécurité du président, et contre-espionnage) limogés par l'ancien président algérien, Abdelaziz Bouteflika, après un présumé attentat avorté en 2015. Et même à ce moment là, en Algérie, se débarrasser subitement de ces responsables de trois services de sécurité sur un coup de tête a provoqué les pires hypothèses. Djamel Kehal Medjdoub, un personnage controversé, prend les commandes de la DGSE alors que les luttes intestines entre le service de renseignement extérieur, les structures traditionnelles de sûreté nationale et de renseignement militaire sont plus âpres que jamais. Désigner Djamel Kehal Medjdoub ne peut être considéré sans prendre en compte les relations invisibles au sein du pouvoir algérien, une nomination qui se situe au cœur de l'affrontement entre plusieurs blocs qui s'arrachent les destinées du pays. En ce sens, le renseignement extérieur est un théâtre d'opérations, saturé d'échecs liés aux questions relatives au Maroc, à la Tunisie, au Mali et à la Libye, qui affectent, en profondeur, la situation actuelle algérienne, jugée très délicate. Ce désordre au sein du renseignement extérieur algérien démontre que le point d'équilibre entre les différents acteurs de la politique extérieure du pays est inexistant.