La porosité des frontières dans l'immensité de l'espace que constitue le Sahel, et la faiblesse de coordination entre les Etats qui le composent sont des facteurs qui accentuent la recrudescence du terrorisme en plus de la fragilité des pays de ce grand ensemble régional. Monsieur Habboub Cherkaoui, directeur du Bureau central des Investigations judiciaires, relevant de la DGST (Direction générale de la Surveillance du Territoire) pointe les dangers de cette situation sur le plan international dans ce deuxième article (d'une série de quatre) et qui préoccupe les responsables sécuritaires du pays et d'ailleurs. La situation au Sahel, particulièrement dans le triangle Mali-Niger-Burkina Faso, constitue un problème de sécurité majeur. M. Habboub Cherkaoui affirme que "la situation plaide en faveur d'une mobilisation à l'extrême de la part de de tous les pays concernés". Car, éclaire-t-il pour le compte de Barlamane.com, "si les groupes jihadi-salafistes sont souvent antagonistes, leur dénominateur commun -notamment entre Al Qaeda et Daech (Etat islamique), les deux grandes organisations terroristes d'idéologie jihadi-salfiste à l'essor fulgurant et présentes en force au Sahel- se situe au niveau de l'idéologie. Si leur ligne doctrinale est différente, ils légitiment, de concert, les Etats de la région en les abjurant et légitiment le trafic en tout genre pour financer leurs actes terroristes et semer la terreur". La défaite de l'EI (Daech) par les forces de la coalition depuis 2014, a provoqué plusieurs situations. D'abord la dissémination des troupes de l'EI à travers une large diaspora géographique a induit que "l'EI en tant qu'institution a disparu au profit d'une idéologie transnationale". Ce qui a permit l'apparition d'un nouveau genre de combattants pouvant agir en électrons libres et commettre des actes de terrorisme partout ailleurs dans le monde selon le procédé de loups solitaires (ou islamonautes), explique le directeur du BCIJ. Après l'attaque des bastions de l'EI par les forces de la coalition à la zone syro-irakienne, le commandement de cette organisation terroriste s'est vu contraint de déplacer et délocaliser son activisme dans la région du Sahel infestée d'organisations et de structures terroristes existantes et actives, comme on l'a vu dans le premier article de la série d'entretien avec M. Habboub Cherkaoui. C'est ce contexte qui va favoriser la recrudescence de la menace terroriste au Sahel. Le directeur du BCIJ rappelle que la faiblesse de coordination des politiques sécuritaires en Afrique, la prolifération des armes à feu après la chute du régime Khaddafi dans la région, alliées à la précarité et l'instabilité sociales sont autant de facteurs fragilisants qui font que les groupuscules terroristes s'y sentent à l'abri. Certes d'autres facteurs importants concourent à faire du Sahel une zone de tensions par excellence, comme la porosité des frontières qui "facilite les déplacements et favorise la liberté de mouvement des terroristes partout en Afrique" a-t-il ajouté. A l'amont de cette menace, le front polisario installé dans les camps de Tindouf va trouver le milieu incubateur idoine pour promouvoir ses hostilités au Maroc et semer plus d'instabilité dans toute la région, au vu du nombre élevé d'attentats perpétrés par le séparatiste Adnane Abu lwalid Sahraoui, chef de l'EI, de 2016 à sa mort en 2021, dans la zone des trois frontières, ainsi que nous l'avons vu dans le premier entretien qu'à accordé à barlamane.com le directeur du BCIJ. Car, rappelle encore une fois M. Habboub Cherkaoui, au Sahel, il y a une intersection entre les groupuscules terroristes et les réseaux criminels. La prolifération d'armes à feu, le trafic de stupéfiants, la traite d'êtres humains, la migration clandestine, le troc entre réseaux criminels et les cellules terroristes, en font un environnement fertile et démultiplicateur des actes malveillants. A partir de ces faits, le constat sur le Sahel est qu'il est devenu une base arrière pour servir l'agenda dévastateur de l'EI dans le monde entier et notamment, les Etats du pourtour méditerranéen. C'est en ce sens, que le directeur du BCIJ dit que ce sujet requiert l'implication de tous les pays concernés par la région car, de cette mobilisation dépend la stabilité de tous.