Plus de 4,5 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion ordonnée par le président russe Vladimir Poutine le 24 février, selon les chiffres du Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Le HCR recensait exactement 4 503 954 réfugiés ukrainiens dimanche. Ce sont 62 291 de plus que lors du précédent pointage samedi. L'Europe n'a pas connu un tel flot de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. Quelque 90 % de ceux qui ont fui l'Ukraine sont des femmes et des enfants, les autorités ukrainiennes n'autorisant pas le départ des hommes en âge de porter les armes. PHOTO SERGEI GRITS, ASSOCIATED PRESS — Des réfugiés venant de passer la frontière entre l'Ukraine et la Pologne, le 10 avril à Medyka Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) de l'ONU, environ 210 000 non-Ukrainiens ont aussi fui le pays, rencontrant parfois des difficultés à rentrer dans leur pays d'origine. L'ONU estime aussi à 7,1 millions le nombre de déplacés à l'intérieur du pays, selon les chiffres de l'OIM publiés le 5 avril. Au total, ce sont donc plus de 11 millions de personnes, soit plus d'un quart de la population, qui ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour gagner les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine. Avant ce conflit, l'Ukraine était peuplée de plus de 37 millions de personnes dans les territoires contrôlés par Kyiv — qui n'incluent donc pas la Crimée (sud) annexée en 2014 par la Russie ni les zones de l'Est sous contrôle des séparatistes prorusses depuis la même année. Pologne La Pologne accueille de loin le plus grand nombre de réfugiés. Depuis le 24 février, 2 593 902 d'entre eux sont entrés en Pologne au 9 avril, selon le HCR. Dimanche matin, les gardes-frontières polonais ont parlé de 2 630 000 arrivées. Nombre d'entre eux se rendent ensuite dans d'autres pays européens. Parmi ceux qui restent en Pologne, 700 000 ont déjà obtenu le numéro national d'identification (PESEL), selon le HCR. Ce numéro est un sésame largement utilisé dans les relations avec les institutions publiques polonaises, les services de santé, pour l'obtention d'un numéro de téléphone, l'accès à certains services bancaires, etc. La police aux frontières polonaise estime par ailleurs que plus de 500 000 personnes sont reparties en Ukraine depuis le conflit. La Pologne comptait environ 1,5 million de travailleurs immigrés ukrainiens avant la guerre. Roumanie Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés, 686 232 personnes s'étaient rendues en Roumanie au 9 avril, qui sont arrivées pour une bonne partie via la Moldavie avant de poursuivre leur route vers d'autres pays. Raouf Mazou, Haut-Commissaire assistant chargé des opérations du HCR, a salué samedi « les mesures rapides » prises par le gouvernement roumain pour garantir aux réfugiés « l'accès aux droits et aux services par le biais d'une protection temporaire ». Moldavie Selon le HCR, 410 882 Ukrainiens sont entrés en Moldavie, petit pays de 2,6 millions d'habitants parmi les plus pauvres de l'Europe mais aussi le plus proche du port ukrainien d'Odessa. La Commission européenne encourage les réfugiés ukrainiens à poursuivre leur route pour s'installer dans un pays de l'Union européenne plus à même de supporter la charge financière. Hongrie La Hongrie avait accueilli au 9 avril 419 101 Ukrainiens, selon le HCR. Slovaquie Au 9 avril, un total de 314 485 personnes étaient arrivées d'Ukraine depuis le début de la guerre, selon le HCR. Russie Le nombre de réfugiés en Russie s'élevait à 404 418 au 9 avril. Le HCR note aussi que, entre le 21 et le 23 février, 113 000 personnes sont passées des territoires séparatistes prorusses de Donetsk et de Louhansk (est de l'Ukraine) en Russie. Biélorussie Au 7 avril, la Biélorussie avait accueilli 19 096 personnes. Méthode Le HCR précise que pour les pays frontaliers de l'Ukraine qui font partie de l'espace Schengen (Hongrie, Pologne, Slovaquie), les chiffres présentés par le Haut commissariat dénombrent ceux qui ont traversé la frontière et sont entrés dans le pays. Le HCR estime « qu'un grand nombre de personnes ont poursuivi leur chemin vers d'autres pays ». De plus, l'organisation indique ne pas compter les gens originaires de pays limitrophes qui quittent l'Ukraine pour rentrer chez eux.