Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé jeudi aux pays de l'Otan de fournir « une aide militaire sans restriction » à son pays, pour qu'il puisse faire face à l'armée russe que Kiev affronte pour l'instant « dans des conditions inégales ». « Pour sauver les gens et nos villes, l'Ukraine a besoin d'une assistance militaire sans restriction. De même que la Russie utilise, sans restriction, tout son arsenal contre nous », a déclaré M. Zelensky dans un message vidéo publié sur son compte Telegram à l'attention des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Alliance atlantique, réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles. « L'armée ukrainienne résiste depuis un mois dans des conditions inégales ! Je répète la même chose depuis un mois maintenant », a-t-il souligné. Il a renouvelé notamment ses demandes d'avions de chasse et de chars, notamment pour « débloquer » Marioupol, Berdiansk ou Melitopol, des villes du sud de l'Ukraine assiégées ou occupées par l'armée russe. « Vous avez des milliers d'avions de chasse. Mais on ne nous en a pas encore donnés », a-t-il lancé. « Vous avez au moins 20.000 chars (…) L'Ukraine a demandé un pour cent de tous vos chars ! Donnez-les nous ou vendez-les nous ! Mais nous n'avons toujours pas de réponse claire ». Le président ukrainien a par ailleurs accusé la Russie d'utiliser des bombes au phosphore sur des cibles ukrainiennes. « Ce matin (…) il y a eu des bombes russes au phosphore. Des adultes ont été tués et des enfants ont été tués à nouveau », a affirmé M. Zelensky, relayant des accusations émises jeudi par le gouverneur de la région de Lougansk (est) après des bombardements sur la localité de Roubijné. Un autre responsable local de Lougansk avait déjà accusé le 13 mars les forces russes d'utiliser des bombes au phosphore. Et un responsable d'Irpin, à la périphérie nord-ouest de Kiev, avait relayé mercredi sur les réseaux sociaux des accusations similaires concernant sa ville. Il a aussi lancé un vibrant appel aux citoyens du monde entier à manifester contre l'invasion russe de son pays, un mois jour pour jour après son commencement et à quelques heures d'une série de sommets à Bruxelles jeudi entre dirigeants occidentaux. « Allez-y avec des symboles ukrainiens pour défendre l'Ukraine, pour défendre la liberté, pour défendre la vie! », a lancé M. Zelensky dans la nuit de mercredi à jeudi via un message vidéo en anglais. « Retrouvez-vous sur les places, dans la rue, montrez-vous et faites-vous entendre! » « Exprimez-vous, manifestez depuis vos bureaux, vos maisons, vos écoles et vos universités, manifestez au nom de la paix ! », a martelé le président. « Le monde doit arrêter la guerre ». Il s'est également adressé aux Russes: « Si vous le pouvez, quittez la Russie et ne payez pas vos impôts pour cette guerre », a-t-il dit. Alors que l'invasion russe entre dans son deuxième mois, trois sommets – Otan, G7 et Union européenne – attendent en un seul jour à Bruxelles les chefs d'Etat et de gouvernement occidentaux. Le président américain Joe Biden est arrivé à Bruxelles et a été accueilli par le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg. Selon la Maison Blanche, il s'agira surtout de consolider l'arsenal de sanctions déjà prises, pour éviter les tentatives de contournement de Moscou, et de renforcer dans la durée le positionnement de l'Otan en Europe de l'Est. « Ce que nous aimerions entendre est que cette fermeté partagée que nous avons vue au cours du mois dernier durera autant qu'il le faudra », a déclaré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, arrivé mercredi soir dans la capitale belge et qui doit ensuite se rendre en Pologne vendredi. Washington doit par ailleurs annoncer jeudi « un ensemble de sanctions qui concernent à la fois des personnalités politiques » et « des oligarques », a fait savoir M. Sullivan. L'Otan va déployer quatre nouveaux groupements tactiques en Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Slovaquie pour renforcer ses défenses contre la Russie sur son flanc oriental, a annoncé son secrétaire général Jens Stoltenberg.