Les marchés mondiaux étaient à nouveau largement dans le rouge lundi, après les nouvelles sanctions prises contre la Russie, qui font craindre une flambée des prix de l'énergie pouvant renforcer l'inflation actuelle. Les Bourses européennes chutaient vers 08H55 GMT: Francfort perdait 2,39%, Paris 3,05%, Milan 2,59%, et Londres 1,54%. L'indice européen de référence l'Eurostoxx 50 lâchait 3,18%. Les places asiatiques se montraient plus résilientes: Tokyo a grappillé 0,19%, Shanghai 0,32%, et Hong Kong a cédé 0,24%. Les matières premières flambaient à nouveau, à commencer par le pétrole, dont le baril américain de WTI montait de plus de 5%. L'offensive russe sur l'Ukraine se poursuit au lendemain de la menace nucléaire brandie par Vladimir Poutine, à laquelle les Européens ont répliqué en promettant de fournir des armes à Kiev. La volonté de Moscou de trouver « un accord » avec Kiev ne suffisait pas pour l'instant à rassurer les marchés. Les Occidentaux ont pris de lourdes nouvelles sanctions financières contre Moscou: notamment la décision d'exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale. Cette mesure « ne les bloque pas, mais ça les rend chaotiques et peu fiables », explique Ipek Ozkardeskaya, analyste de la banque Swissquote, au sujet des banques russes. La Banque centrale européenne a constaté lundi la « faillite ou faillite probable » de la filiale européenne de la banque russe Sberbank, parmi les plus grandes du pays, à cause de retraits « significatifs » des dépôts en raison du conflit en Ukraine et des sanctions. L'accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux a également été restreint, la présidente de la Commission européenne souhaitant « paralyser » ses actifs. Conséquence directe, le rouble chutait de plus de 20% vers 08H50 GMT. Concrètement « aucune banque du G7 ne sera en mesure d'acheter des roubles russes », précise Michael Hewson, analyste de CMC Markets qui craint « un énorme choc inflationniste en Russie ». La banque centrale russe a annoncé relever très fortement son taux directeur, de 10,5 points, à 20%, pour faire face aux sévères sanctions économiques. Les sanctions prises contre la Russie pourraient peser sur l'inflation également en dehors de la Russie. Le conflit est « susceptible de faire grimper significativement les prix de l'énergie, entraînant des effets inflationnistes immédiats et un frein important à la croissance mondiale », analyste Silvia Dall'Angelo, économiste chez Federated Hermes. L'énergie flambe Les prix du pétrole réduisaient légèrement leur envolée enregistrée plus tôt lors des échanges asiatiques, le baril de brut WTI bondissant tout de même de plus de 4% à environ 95 dollars et celui du Brent de 4,41% à 102 dollars, bien installé au-dessus de barre des 100 dollars, dépassée pour la première fois depuis 2014 la semaine dernière. Sur le marché européen du gaz naturel, le contrat de référence s'envolait de 23% vers 08H45 GMT. « Le retrait de certaines banques russes de Swift pourrait entraîner une perturbation de l'approvisionnement en pétrole, car les acheteurs et les vendeurs essaient de voir comment s'y retrouver dans les nouvelles règles », a noté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates à Houston. D'autres matières premières s'envolaient également: le blé tendre prenait 4,48%, le palladium 3,39%. La Russie et l'Ukraine sont des pays essentiels pour l'approvisionnement en pétrole, gaz, blé et autres matières premières cruciales. Les banques à la peine Selon l'Union européenne, environ 70% du secteur bancaire russe est actuellement exclus du système Swift. Les banques européennes en pâtissaient: Société Générale perdait 9,70%, BNP Paribas 8,53%, Commerzbank 7,32%, Deutsche Bank 7,06% et Unicredit 6,82%. La défense en profite L'Union européenne va débloquer 450 millions d'euros pour acheter des armes destinées aux forces armées ukrainiennes et l'Allemagne va livrer des armes à l'Ukraine. Dans le sillage de ces annonces, les entreprises de la défense étaient fortement recherchées. Francfort Rheinmetall, qui conçoit notamment des chars, s'envolait de 42,9% et Hensoldt (radars) de 84,8%. A Paris, Thales prenait 12% et Dassault Aviation 7,23%. Le dollar recherché Du côté des devises, l'euro baissait nettement face au dollar, considéré comme une valeur refuge en temps d'incertitude. La devise européenne s'échangeait à 1,1166 dollar, en recul de 0,90%. Le bitcoin montait de 2,22% à 38.270 dollars.