Alors que la ministre n'a pas encore réagi à la polémique née de son déplacement controversé à Madrid à la tête d'une forte délégation, les détails sur un dîner fastueux organisé en marge de l'assemblée de l'OMT interpelle. Les questions d'éthique financière et morale des élus marocains remontent à la surface. Alors que l'Organisation mondiale du tourisme, qui a tenu son Assemblée générale à Madrid, a jugé la reprise de l'activité «lente» et «fragile», appelant à une «réponse coordonnée» des pays, le coût du déplacement de la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor et la forte délégation (une cinquantaine de personnes) qui l'a accompagnée à Madrid «ont pu être rapatriés au frais du contribuable entre le 4 et le 5 décembre» comme l'avait indiqué Barlamane.com, une information confirmée par Maghreb Intelligence. Pour le moment, le coût de l'affrètement de l'appareil est une donnée inconnue. «Une démarche deux poids deux mesures aux allures d'une vraie provocation», ajoute le site, alors que dans les hôtels, les agences de voyages, les annulations se succèdent. Bon nombre d'établissements ont déjà décidé de fermer pour la saison hivernale et la diaspora marocaine à l'étranger est à court de solutions. Le voyage de la ministre hautement critiqué fait jaser, alors que le secteur touristique marocain, déjà sinistré par deux années de pandémie – et qui pèse lourd dans l'économie marocaine (7 % du PIB, plus de 490 000 emplois) –, la fermeture des frontières aériennes est perçue comme le coup de massue. La Confédération nationale du tourisme (CNT) prévoit une perte de 1 milliard de dirhams pour la seule dernière semaine de décembre, durant laquelle quelque 100 000 touristes étrangers étaient attendus. La ministre du tourisme «s'est envolée vers Madrid avec une délégation de 52 personnes pour assister à l'assemblée générale de l'OMT» rapporte Maghreb Intelligence, ajoutant que «pendant son séjour d'une semaine dans les plus grands hôtels de la capitale ibérique, la ministre du Tourisme, tout en mépris envers le contribuable et les règles sanitaires, s'est permis le luxe d'offrir un dîner pour 500 personnes à Madrid. La ministre a même raté l'habituel conseil du gouvernement du jeudi où elle devait présenter pour approbation un décret concernant l'exercice des métiers de l'artisanat.» La même source, qui qualifie le secteur du tourisme marocain de «totalement sinistré», décrit la nomination de Fatim-Zahra Ammor comme «véritable erreur de casting». «D'ailleurs, lors d'une allocution à Madrid, la ministre du Tourisme a estimé que la crise du Covid-19 était une opportunité pour le secteur. Un écart de langage qui en dit long sur sa perception du marasme dans lequel se dépêtre, depuis deux ans, le tourisme marocain et que les professionnels du tourisme ont du mal à apprécier», a-t-on conclu.