Soupçonnée d'être un instrument d'influence téléguidé par le régime algérien, Al 24 a été accueillie avec scepticisme, vu qu'elle incarne malsaine une symbiose entre le secteur radiotélévisuel et le pouvoir politique, mais aussi une obsession antimarocaine assez remarquée. Début novembre, l'Algérie a lancé «sa première chaîne d'information» consacrée «aux affaires internationales en trois langues (arabe, français et anglais)» sous le nom de «Algeria International Channel Al 24 news». Une chaîne qui vise à «faire entendre la voix de l'Algérie à l'étranger et être son visage dans le monde.» Considérée par plusieurs observaretrus comme un organe de propagande pro-Alger, les premières brèches en matière d'honnêteté et d'indépendance de l'information sont déjà visibles. Un mois après l'inauguration de AL24, le constat est déjà cruel. En plus d'afficher une vulgaire et trop évidente propagande proalgérienne, AL préfère également endosser le rôle du «troll» impliqué dans un exercice plutôt offensif de ce que l'on appelle en Algérie la «diplomatie anti-Makhzen.» Ses contenus, qui ne sont ni encore référencés par les moteurs de recherche et ni très présents sur les réseaux sociaux, sont foncièrement manipulateurs ou antimarocains. Le compte Twitter de la chaîne, qui compte quelque 1 200 tweets, a multiplié les messages sur «l'arrivée de l'entité sioniste» aux frontières algériennes, sur des manifestations massives propalestiniennes ou relayé de prétendus affrontements à grande échelle dépeints par la propagande du Front Polisario. Dans l'Algérie des années 2020, l'activité des journalistes d'information semble étroitement contrainte par le lourd contrôle politique qui s'exerce sur elle, surtout avec le resserrement autoritaire observé depuis la répression massive des manifestations de la contestation populaire, marqué également par la suspension de médias qui diffusent des points de vue plus alternatifs dans un contexte de culture commercialisée ou sous surveillance. Cette nouvelle chaîne diffuse en trois langues : arabe 60%, français 35% et anglais 5%. Si selon son directeur «elle sera une révolution dans les médias et sur la scène médiatique arabe et maghrébine», pour le but de soutenir « les objectifs diplomatiques, politiques, économiques, sociaux et culturels de l'Algérie à l'étranger» et de «cible des audiences dans les pays du Maghreb et de la communauté nationale à l'étranger», force est de reconnaître que, quelques semaines seulement après sa naissance, celle-ci se fossilise autour d'images manichéennes et de représentations nationalisées de l'actualité pour les besoins du régime algérien. Une forme de stratification des axes d'une idéologie passéiste, colportée par une corporation de journalistes peu indépendants. Il est à noter que l'Algérie dispose de plusieurs chaînes de télévision publiques en arabe et en français, dont «Canal Algérie» (chaîne algérienne), qui s'adresse à la communauté algérienne à l'étranger. Mais l'opposition politique en Algérie et la lutte pour la démocratie ont longtemps critiqué le contrôle du gouvernement sur la ligne éditoriale de ces chaînes sans laisser à l'opposition la possibilité de s'exprimer et d'exposer ses opinions, tout en étant loin des vrais problèmes qui dont souffre le peuple algérien. «Fournir des informations en temps opportun» et satisfaire «le désir du public d'être informé de ce qui se passe dans son environnement interne et externe», dit le directeur de la chaîne vite devenue un organe propagandiste dont la ligne éditoriale est conditionnée chaque fois autant par les impératifs de politique intérieure que par l'image que voulait donner l'Algérie d'elle-même. La nouvelle chaîne algérienne, qui a promis de diffuser des bulletins d'information, des talk-shows, des enquêtes de terrain, des programmes culturels, des entretiens en studio, ainsi que de couvrir l'actualité internationale, est dirigée par une rédaction qui comprend 70 journalistes, dont des militants, et pas moins de 20 correspondants dans le monde. En lançant cette chaîne, l'Algérie cherche à regagner les devants de la scène régionale après des années de politique étrangère déflationniste sous le régime du président Abdelaziz Bouteflika. Pour le moment, elle n'est qu'une télé-poubelle hostile au Maroc.