La nouvelle coalition gouvernementale qui va prendre les commandes de l'Allemagne a annoncé, mercredi 24 novembre, vouloir légaliser le cannabis. Cette libéralisation, qui ferait de l'Allemagne le deuxième pays de l'Union européenne après les Pays-Bas à choisir la voie de la vente encadrée, est une des mesures-phares du contrat de coalition, dévoilé mercredi, des trois partis qui vont succéder à Angela Merkel dans les prochaines semaines. Dirigée par le social-démocrate Olaf Scholz, la future équipe entend autoriser « la distribution contrôlée de cannabis aux adultes à des fins de consommation dans des magasins agréés », stipule le contrat signé entre SPD (sociaux-démocrates), Verts et FDP (libéraux). Cette mesure « permettra de contrôler la qualité, d'empêcher la transmission de substances contaminées et de garantir la protection de la jeunesse », précise le document, ajoutant que « l'impact social de la loi » serait évalué après quatre ans. L'Allemagne dispose déjà d'une législation moins restrictive que nombre de ses voisins européens, avec la possibilité dans certaines villes comme Berlin de détenir quelques grammes pour sa consommation personnelle. L'usage de cannabis à des fins thérapeutiques a également été autorisé en 2017. Même si n'ont pas encore été définis les futurs lieux de vente – tabacs, « coffee-shops » ou pharmacies, comme l'a proposé la Fédération des pharmaciens –, le chantier est désormais sur de bons rails, notamment pour des raisons de santé publique, plaident les trois partis. Le cannabis vendu dans la rue est souvent coupé avec d'autres substances telles que de la laque ou du sable. Les autorités sanitaires s'alarment, en outre, de la circulation de nouveaux cannabinoïdes de synthèse disposant d'un taux de THC – le tétrahydrocannabinol, la molécule à l'origine des effets psychotropes – très élevé qui fait courir des risques sanitaires, en particulier aux plus jeunes. La légalisation permettrait ainsi de contrôler étroitement la composition du produit consommé. Des syndicats de policiers disent, eux, redouter une « banalisation de la consommation de cannabis ». Des addictologues mettent aussi en garde contre l'impact éventuel sur la santé mentale des plus jeunes et les risques de cancer.