Dans un entretien au Spiegel paru le vendredi 5 novembre, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a jugé « très graves » les propos tenus par le président français Emmanuel Macron, mettant en cause l'existence de la nation algérienne avant la colonisation française, rapporte le journal Le Monde. Face à l'interrogation formulée par Macron « Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? », Tebboune a réagi en proclamant : « On ne touche pas à l'histoire d'un peuple, on n'humilie pas les Algériens », lors d'un échange le 30 septembre à l'Elysée avec des jeunes issus de groupes de mémoire liés à la guerre d'Algérie. Les tensions entre les deux pays sont tendues après les déclarations de Macron. En effet, suite à cela, l'Algérie avait aussitôt rappelé pour consultation son ambassadeur en poste à Paris et interdit le survol de l'espace aérien algérien par des avions français dans le cadre de l'opération « Barkhane » au Sahel. D'autres faits ont alimenté cette tension, à savoir la question des visas, la mémoire de la guerre d'Algérie, les contrats économiques et la politique française sur le Sahara, jugée par Alger comme trop pro-marocaine, ajoute la même source. Selon le média, l'entretien de Tebboune au Spiegel, réalisé le 26 octobre à Alger, révèle à quel point les propos de Macron vont laisser des traces durables dans les relations entre les deux pays et hypothéquer une reprise des contacts à court terme. « Je ne vais pas être le premier à faire le pas, sinon je perds tous les Algériens », a assuré le président algérien à l'hebdomadaire allemand. « C'est un problème national, ce n'est pas un problème du président de la République, a-t-il ajouté. Aucun Algérien n'accepterait que je reprenne contact avec ceux qui ont formulé ces insultes. » « M. Macron a blessé la dignité des Algériens, a-t-il relevé. Nous n'étions pas un peuple de sous-hommes, nous n'étions pas des tribus nomades avant que les Français viennent. » Alors que le Spiegel lui demandait s'il existait une possibilité que la crise bilatérale prenne « fin bientôt », le chef de l'Etat algérien a répondu : « Non. »