« Charité bien ordonnée commence par soi-même », dit l'adage. Celui-ci semble bien s'appliquer à certains hauts responsables du pays pointés du doigt par la presse, ces derniers jours, suite à ce qui est désormais appelé « Laftit Gate » ou « Laftit papers » du nom du Wali de la région de Rabat-Salé-Zemmour, Abdeloaufi Laftit. Ce dernier aurait bénéficié, à l'instar d'autres hauts responsables dont les ministres de l'Intérieur et de l'Economie des finances, de terrains appartenant à l'état acquis à un prix dérisoire, si l'on en croit certains confrères. Le communiqué, publié dimanche soir par les départements de ces deux ministres dénonçant « une campagne tendancieuse » allant même jusqu'à accuser le PJD sans le nommer de vouloir récupérer ce « scandale » à des fins électoralistes et de politique politicienne, a, le moins que l'on puisse dire, laissé un arrière goût amer. En parlant de terrains réservés aux serviteurs de l'Etat et ce, depuis le règne de feu Hassan II, les deux ministères tentent de défendre l'indéfendable et justifier l'injustifiable. Et pour mieux convaincre l'opinion publique que ce communiqué tenait à « éclairer », on précise que ces cessions de terrain à de tels prix se font par décret, appelant au passage, leurs détracteurs à plutôt chercher un autre décret pour pouvoir annuler celui-ci, au lieu de fulminer. En attendant que le gouvernement de Benkirane saisisse ce message et fasse ce qu'il faut faire pour mettre fin à cette économie de rente que l'on croyait révolue, l'opinion publique, à travers les réseaux sociaux, crie son indignation face à cette culture rétrograde qui subsiste encore et qui résiste aux changements que la nouvelle Constitution pensait consacrer. Et puis, ces « serviteurs de l'Etat » qui sont la plupart de hauts responsables, ne sont-ils pas bien logés et bien nourris dans ces mêmes quartiers huppés pour que ce maudit décret vienne les engraisser encore ? Qui dit serviteur de l'Etat, dit agent ou fonctionnaire qui émarge à la fonction publique, et ils sont prés de 600.00 les serviteurs de l'Etat dans ce pays auxquels, ce décret doit devoir leur trouver un terrain à un prix aussi bas comme celui mentionné dans l'affaire du wali Laftit qui aurait ainsi acquis un terrain de 3755m2, situé dans un des quartiers chics de Rabat au prix de 350 dh le m2 alors que le prix réel serait de prés de 25.000 dh, à en croire nos confrères. A l'approche du scrutin législatif du 7 octobre prochain, un tel scandale ne peut que dissuader tous ceux qui osaient espérer un changement dans ce pays où malheureusement, certaines pratiques ont la vie dure. Quant au chef du Gouvernement Benkirane et chef du parti pointé du doigt par le communiqué, au lieu de sommer ces partisans de se la boucler, il ferait mieux de chercher, dans ce qui lui reste de ce mandat, les moyens à même de modifier ou d'annuler ce maudit décret de la discorde. « L'Etat est notre serviteur et nous n'avons pas à en être les esclaves. », disait Albert Einstein. « L'Etat aussi est soumis à la loi malthusienne. Il tend à dépasser le niveau de ses moyens d'existence, il grossit en proportion de ces moyens, et ce qui le fait exister c'est la substance des peuples. Malheur donc aux peuples qui ne savent pas limiter la sphère d'action de l'Etat. Liberté, activité privée, richesse, bien-être, indépendance, dignité, tout y passera », disait de son coté l'économiste libéral français Frédéric Bastiat.