Basée sur un relevé des procédures d'infraction, l'étude pointe d'abord les effets de la prostitution, et notamment celle de jeunes femmes. Les chiffres pourraient être sous-estimés. Les infractions de traite et d'exploitation des êtres humains enregistrées en France ont augmenté de 31 % entre 2016 et 2019, soit avant la période particulière de crise sanitaire, a indiqué vendredi 22 octobre un service dépendant du ministère de l'Intérieur. Pour la première fois, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publie une étude portant sur cette thématique. En 2019, 933 procédures pour traite ou exploitation d'êtres humains ont été ouvertes par les services de police et de gendarmerie, contre 710 en 2016. En revanche, «en 2020, dans le contexte particulier de la crise sanitaire, les nombres de procédures, victimes, mis en cause et personnes poursuivies et condamnées ont baissé». Le nombre de procédures a diminué l'an dernier à 772, «probablement en lien avec la crise sanitaire et les différents confinements», suggère le SSMSI dans son analyse. Exploitations sexuelles des mineures en hausse Le proxénétisme représente plus de la moitié des procédures ouvertes. Le service souligne par ailleurs que la part de victimes mineures de proxénétisme a augmenté en l'espace de quatre ans, passant de 12% à 33% entre 2016 et 2020. «Depuis 2018, le phénomène de l'exploitation sexuelle de personnes mineures ou jeunes majeures de nationalité française augmente», relève notamment l'étude. «Cela correspond à la hausse du phénomène d'exploitation sexuelle de jeunes filles françaises constatée depuis 2017 par les forces de l'ordre et la société civile», selon ce document. Le nombre de condamnations pour des infractions de traite et d'exploitation des êtres humains a lui aussi progressé : 993 personnes ont été condamnées pour traite ou exploitation d'êtres humains en 2019, 46% de plus qu'en 2016. Mais «les données enregistrées par les institutions ne reflètent que la partie visible de la traite et l'exploitation des êtres humains», nuance le SSMSI. Selon une enquête sur les victimes de traite citée par l'analyse ministérielle, «en 2020, seules 28 % des victimes accompagnées par les associations ont déposé plainte».