Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a mis en garde mardi 21 septembre les Etats-Unis et la Chine contre une nouvelle dégradation du monde déjà «au bord du gouffre», les appelant au «dialogue» et à la «compréhension», à l'ouverture de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies. «Nous sommes confrontés à la plus grande cascade de crises de notre vie», a-t-il relevé. «Je crains que notre monde ne se dirige vers deux ensembles différents de règles économiques, commerciales, financières et technologiques, deux approches divergentes dans le développement de l'intelligence artificielle – et finalement deux stratégies militaires et géopolitiques différentes», a-t-il dit. «C'est une recette pour les ennuis. Ce serait beaucoup moins prévisible que la Guerre froide. Pour restaurer la confiance et inspirer l'espoir, nous avons besoin de coopération», a plaidé le chef de l'ONU. «Nous avons besoin de dialoguer. Nous avons besoin de compréhension. Nous devons investir dans la prévention, le maintien et la consolidation de la paix. Nous avons besoin de progrès en matière de désarmement nucléaire et dans nos efforts communs de lutte contre le terrorisme. Nous avons besoin d'actions ancrées dans le respect des droits humains», a insisté Antonio Guterres. En allusion implicite à la Birmanie, au Mali, à la Guinée ou au Soudan, le responsable de l'ONU a déploré d'assister «également à une explosion des prises de pouvoir par la force». «Les coups d'Etat militaires sont de retour» et «le manque d'unité au sein de la communauté internationale n'aide pas», a-t-il regretté. «Les deux plus grandes économies au monde en désaccord» «Les divisions géopolitiques sapent la coopération internationale et limitent la capacité du Conseil de sécurité à prendre les décisions nécessaires. Dans le même temps, il sera impossible de relever des défis économiques et de développement dramatiques alors que les deux plus grandes économies du monde sont en désaccord», a ajouté le chef de l'ONU en pointant du doigt Pékin et Washington. Antonio Guterres qui est dans la dernière année de son premier mandat à la tête de l'ONU et qui en commencera un nouveau en janvier, avait déjà alerté en 2018 («division» sino-américaine), en 2019 («la grande fracture») et en 2020 (une «nouvelle Guerre froide») sur le risque d'un monde bipolaire prisonnier des tensions sino-américaines. La session à haut niveau de l'Assemblée générale de l'ONU, à laquelle participent physiquement plus d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement, ainsi que des dizaines de ministres, doit se poursuivre jusqu'à lundi.