L'homme «qui a poignardé» l'homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie (nord-est du pays), a été arrêté tandis qu'il «tentait de fuir au Maroc», a affirmé le directeur de la police judiciaire, Mohamed Chakour, lors d'une conférence de presse. Une nouvelle déclaration d'opéra comique d'un régime qui ne reconnaît plus les faits. Au moins 90 personnes sont mortes dans les incendies qui ravagent le nord de l'Algérie, des feux par vingtaine avivés par la chaleur extrême et contre lesquels pompiers, militaires et volontaires ont tenté désespérément de lutter. Responsable de la catastrophe selon le régime algérien : le Maroc (sans le nommer), alors que le bassin méditerranéen est touché ces trois dernières semaines par des feux, notamment en Grèce et en Turquie. L'incurie du régime algérien a été dévoilée à la face du monde. Dans le monde entier, la diaspora et des ONG se mobilisent pour envoyer du matériel et de l'aide aux zones sinistrées par l'intermédiaire d'associations locales, comme elles l'ont fait pour l'envoi de bouteilles d'oxygène en pleine troisième vague de l'épidémie de Covid-19. Au même moment, le régime continue à servir la même soupe le plus souvent pour satisfaire les faméliques clientèles de ses idées ou dans des intérêts de propagande électorale. Le régime, qui affirme avoir conclu un accord avec «l'Union européenne (UE)» pour l'affrètement de deux avions bombardiers d'eau qui ont été déployés, alors que c'est l'ancienne puissance coloniale, la France, qui a fourni cette aide. L'ouverture d'un comité du parti présidentiel La République en marche (LRM) à Dakhla, au Sahara et la réconciliation des mémoires qui piétine entre les deux pays ont poussé le régime à adopter cette pirouette. Face à la montée en puissance de la méfiance envers les autorités et les versions officielles en Algérie, les thèses conspirationnistes connaissent un essor croissant depuis l'accession d'Abdelmadjid Tebboune. Certaines sont mêmes exprimées par des proches des cercles du régime. Le paroxysme a été atteint ces derniers mois avec le rapprochement maroco-israélien. Toutefois, les origines de ces thèses à forte teneur antimarocaine sont anciennes et sont à chercher dans la situation du pouvoir algérien, qui a mis en place une propagande suivant un «storytelling» précis, montrant implicitement les objectifs de politique étrangère d'Alger. Au-delà des importants dégâts matériels et des carences des pouvoirs publics – démontrées lors de ces incendies – les Algériens ont été particulièrement outrés par le lynchage et l'immolation d'un homme accusé à tort de pyromanie. Trente-six suspects ont été arrêtés dans cette affaire. L'homme «qui a poignardé» l'homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie (nord-est du pays), a été arrêté tandis qu'il «tentait de fuir au Maroc», a affirmé le directeur de la police judiciaire, Mohamed Chakour, lors d'une conférence de presse, une hypothèse sans fondement. La lutte contre les feux de forêt qui ravagent le nord de l'Algérie a été, à la vérité, poussive à cause de l'incurie du régime. Dans la région de Tizi Ouzou, la plus dévastée, en Kabylie, où la population est sous le choc, les autorités sont pointées du doigt. En affirmant que la majorité des incendies sont d'«origine criminelle», le président algérien a entretenu un climat de psychose inédit qui a conduit à la mort de Jamal Ben Ismaïl. Lors d'une allocution télévisée, le président algérien est même allé jusqu'à accuser sans les nommer les indépendantistes kabyles de vouloir utiliser le retentissement de la catastrophe pour diviser le pays. Quelques heures auparavant, la diplomatie algérienne s'est fendue d'un communiqué surréaliste, accusant le Maroc de vouloir «entraîner son nouvel allié moyen-oriental dans une aventure hasardeuse dirigée contre l'Algérie, ses valeurs et ses positions de principe», après que Yaïr Lapid, chef de la diplomatie israélienne a confié avoir abordé avec son homologue marocain ses «inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine». Dans plusieurs de ses numéros depuis décembre 2020, l'influente revue de l'ANP, El-Djeïch, avait appelé les Algériens à se «tenir prêts à faire face à des "menaces imminentes"» sans toutefois les préciser. Quelques éditoriaux cultivant un ton alarmiste évoquaient «certaines parties ennemies de l'Algérie» sans plus de détails. En novembre 2020, Alger a dénoncé des «manœuvres étrangères» visant à la déstabiliser après la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. En mars 2021, les services de police d'Alger ont annoncé «avoir arrêté un individu d'origine marocaine, qui s'est infiltré au milieu des participants à la marche du Hirak», a dévoilé l'agence APS sans dévoiler son identité. En avril, le mécontentement social a été nourri par les pénuries et les explosions des prix organisées par des spéculateurs de plus en plus voraces, malgré cela, seul le sort de Brahim Ghali importait au régime algérien. En mai, malgré les affirmations de l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) qui a déclaré qu'en moyenne nationale, le taux de remplissage des barrages n'affichait que 44 % seulement alors que la période hivernale touche à sa fin, le président Tebboune a accusé des mains étrangères d'accentuer la pénurie d'eau dans son pays, malgré la vérité des chiffres, qui disent que les 80 barrages actuellement en exploitation ne fournissent que 7,7 milliards de m3 à l'ensemble du pays.