La protection civile allemande est notamment accusée de ne pas avoir averti suffisamment vite les populations habitant dans les zones inondables de la gravité des crues. Le gouvernement d'Angela Merkel a promis lundi 19 juillet d'améliorer le système national d'alerte-catastrophe, mis en cause à la suite des inondations dévastatrices qui ont frappé l'Allemagne, avec un bilan qui s'est encore alourdi à au moins 165 morts. Alors que les autorités locales et les pompiers continuaient lundi de rechercher les nombreux disparus dans les régions sinistrées de l'ouest et du sud de l'Allemagne, le débat enflait sur une éventuelle défaillance des mécanismes visant à avertir à temps la population. Le pays a connu la plus grande catastrophe naturelle de son histoire récente. De manière générale ces systèmes «ont fonctionné», notamment via une application pour les téléphones portables appelée «Nina», a assuré Martina Fietz, porte-parole du gouvernement, lors d'un point presse. «Mais les expériences que nous avons faites lors de cette catastrophe montrent que nous devons faire davantage et mieux», a-t-elle admis. Le candidat des conservateurs à la chancellerie Armin Laschet a promis «une meilleure prévention» qui sera discutée dans les prochains jours entre les régions, les communes et l'Etat fédéral. «Nous devons apprendre pour nous-mêmes, car nous serons plus souvent confrontés dans l'avenir à ce genre d'événements climatiques», a déclaré le prétendant au remplacement d'Angela Merkel, qui se retirera après 16 années de règne à l'issue des législatives de septembre. Les crues ont entraîné des coupures massives d'électricité La protection civile allemande est en particulier accusée de ne pas avoir averti suffisamment vite les populations concernées dans les zones inondables de la gravité des crues. Armin Schuster, son président, s'en est défendu, affirmant que son institution avait envoyé quelque 150 alertes via les applications, ainsi qu'aux médias. Mais les crues ont entraîné des coupures massives d'électricité et fait tomber des antennes de télécommunication, empêchant des habitants de recevoir à temps les alertes. Lundi, il a plaidé sur la radio publique pour «le retour des bonnes vieilles sirènes», afin de ne pas se reposer uniquement sur des outils numériques. Le problème: ce système de sirène, héritage de la guerre froide pour alerter en cas d'attaque nucléaire notamment, avait prouvé son inefficacité en septembre 2020, quand un grand test au niveau national avait tourné au fiasco. Certaines ne s'étaient pas déclenchées en raison de problèmes techniques, et des communes les avaient tout simplement enlevées, les jugeant inutiles. Le gouvernement a lancé au printemps un programme doté de 90 millions d'euros pour reconstituer le réseau, a rappelé Armin Schuster. Les candidats à la chancellerie s'opposent sur la répartition des compétences Un débat est aussi engagé sur la répartition des compétences en matière de protection civile dans ce pays fédéral, où les régions sont censées être en première ligne. La candidate des Verts à la chancellerie, Analena Baerbock, a notamment exigé un renforcement «massif» de la prévention des risques, où l'Etat fédéral «doit jouer un rôle de coordination beaucoup plus fort». Le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer lui a opposé une fin de non-recevoir. «Il serait totalement inconcevable qu'une telle catastrophe puisse être gérée depuis un seul endroit», a-t-il jugé lors d'une visite dans le canton d'Euskirchen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qualifiant les appels à une centralisation des compétences «de basse rhétorique électorale». Pendant ce temps, le décompte macabre des morts retrouvés dans les caves ou des carcasses de voiture se poursuit. Dans la région de Rhénanie-Palatinat, la plus touchée, le nombre des morts est monté à 117, contre 112 dénombrés auparavant, «et il y a 749 blessés», selon la police. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le dernier bilan dimanche faisait état d'«au moins» 47 morts, tandis qu'un décès était à déplorer en Bavière, dans le sud du pays, touchée par d'importantes crues ce week-end. Dimanche, la chancelière Angela Merkel s'est rendue dans le village sinistré de Schuld, non loin de Bonn, où la rivière Ahr, transformée en torrent furieux, a détruit une partie du centre historique. Elle a promis des soutiens rapides. Dès mercredi 21 juillet, une aide d'urgence d'au moins 300 millions d'euros sera présentée par le gouvernement, avant un vaste programme de reconstruction de plusieurs milliards d'euros. Le réchauffement du climat a été mis en cause autant par des experts que par les responsables politiques. Angela Merkel a appelé dimanche à faire un «très grand effort» pour accélérer les politiques climatiques.