Le véhicule transportait une quarantaine d'ingénieurs, géomètres et personnels de maintenance mécanique chinois travaillant à la construction du barrage hydroélectrique de Dasu, dans la province du Khyber Pakhtunkhwa. Au moins 12 personnes, dont neuf Chinois, ont été tuées mercredi dans l'explosion d'un autobus qui a versé dans un ravin, dans le nord-ouest du Pakistan, Pékin dénonçant un attentat pendant qu'Islamabad parlait d'un incident mécanique. Le véhicule transportait une quarantaine d'ingénieurs, géomètres et personnels de maintenance mécanique chinois travaillant à la construction du barrage hydroélectrique de Dasu, dans la province du Khyber Pakhtunkhwa. La Chine et le Pakistan, deux alliés proches, ont séparément indiqué que 12 personnes dont neuf ressortissants chinois avaient trouvé la mort dans cette explosion survenue vers 7 h locales (22 h, heure de l'Est) dans le district du Kohistan, mais divergent fortement sur leur interprétation des évènements. Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué que le car « avait plongé dans un ravin après un incident mécanique, qui a résulté sur une fuite de gaz à l'origine de l'explosion ». Il a souligné qu'une enquête avait été ouverte. À Pékin, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, a condamné un « attentat ». Il a exhorté devant la presse le Pakistan à « châtier sévèrement » ses auteurs et « à protéger sérieusement » la sécurité des Chinois dans le pays. L'ambassade chinoise au Pakistan a également évoqué une « attaque » et appelé toutes les sociétés chinoises dans le pays à renforcer leurs mesures de sécurité. Un haut responsable administratif local, Arif Khan Yousafzai, a précisé que 28 Chinois avaient également été blessés. Ils ont été transportés vers des hôpitaux militaires. La sécurité des employés chinois travaillant sur les différents projets d'infrastructure au Pakistan, comme le barrage de Dasu sur le fleuve Indus, dont la construction a commencé en 2017 et devait durer cinq ans, est depuis longtemps une préoccupation pour Pékin, qui a investi des milliards de dollars ces dernières années dans ce pays. En avril, le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, avait revendiqué un attentat suicide contre un hôtel de luxe de Quetta (ouest), capitale de la province du Baloutchistan, dans lequel séjournait l'ambassadeur de Chine, qui n'avait pas été blessé. Ressentiment Le TTP a aussi revendiqué récemment plusieurs attaques de moindre ampleur dans les zones tribales pakistanaises, dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec l'Afghanistan, mais aussi dans quelques villes, dont la capitale Islamabad. Les projets financés par la Chine ont souvent créé un fort ressentiment au Pakistan, en particulier auprès des groupes séparatistes, qui estiment que la population locale n'en tire aucun bénéfice, la plupart des emplois revenant à de la main-d'œuvre chinoise. En mai 2019, l'hôtel de luxe surplombant le port en eaux profondes de Gwadar, projet phare du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), pour lequel Pékin devait dépenser plus de 50 milliards de dollars (42 milliards d'euros), avait été attaqué, causant la mort d'au moins huit personnes. Six mois auparavant, un assaut contre le consulat de Chine de Karachi, la plus grande ville du Pakistan et sa capitale économique et financière, avait coûté la vie à au moins quatre personnes. Et en juin 2020, c'est la Bourse de Karachi, en partie propriété d'entreprises chinoises, qui avait été prise pour cible (au moins 4 morts). Ces attaques avaient été revendiquées par l'Armée de libération du Baloutchistan (BLA), qui s'était justifiée en invoquant la mainmise sur les ressources locales par Islamabad et la Chine. Au début des années 2010, le TTP a mené plusieurs attentats meurtriers dans les grandes villes pakistanaises, depuis son bastion des zones tribales, où il abritait d'autres groupes djihadistes, dont Al-Qaïda. Mais une vaste opération militaire lancée en 2014 a permis de détruire la structure de commandement du TTP, ce qui avait engendré, jusqu'à récemment, une nette amélioration de la situation sécuritaire dans tout le pays. Des signes existent toutefois que les talibans pakistanais se sont ces derniers mois regroupés à la frontière avec l'Afghanistan, où ils revendiquent fréquemment des affrontements armés avec les forces de sécurité pakistanaises.