Le procès de Soulaiman Raissouni, qui refuse de s'alimenter depuis 64 jours, a été une nouvelle fois renvoyé au 15 juin, après une audience tendue où sa défense s'est abstenue de plaider au regard de sa santé qu'elle juge "alarmante". « On ne peut plaider», ont affirmé ses avocats, tandis que le juge de la Cour d'appel de Casablanca insistait au contraire pour démarrer les débats au plus vite. L'ancien rédacteur en chef du défunt journal Akhbar Al Yaoum est poursuivi pour «attentat à la pudeur avec violence et séquestration» après une plainte déposée par un militant LGBT qui dénonce la constante politisation de cette affaire. Raissouni refuse obstinément de s'alimenter, la justice ayant rejeté toutes ses demandes de remises en liberté provisoire depuis son interpellation fin mai 2020. Le juge comme le procureur estimaient que «le choix personnel de l'accusé ne pouvait entraver le début du procès». Le juge a cependant dû se résoudre à renvoyer une nouvelle fois l'audience après que le journaliste a pris la parole. Sa nouvelle demande de liberté a été rejetée dans la soirée. Jeudi matin, la Cour d'appel a aussi refusé la sixième demande de liberté provisoire de Omar Radi, en préventive depuis dix mois pour une double affaire de «viol» et d'«atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat». Les autorités marocaines, malgré les tentatives des entourages respectifs des deux accusés d'instrumentaliser leurs dossiers, mettent en avant l'indépendance de la justice et la conformité des procédures.