Des milliers de migrants sont arrivés depuis le début de l'année dans la région nigériane d'Agadez après avoir été expulsés par les autorités algériennes, selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF), laquelle a accusé le régime d'Abdelmadjid Tebboune de mettre en danger la vie de ces personnes en les abandonnant à leur sort dans une zone désertique. Après L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui a mis en garde contre une nouvelle crise le long de la frontière du Niger après que les autorités algériennes eurent commencé à déverser des migrants dans le désert du Sahara, c'est le tour de Médecins sans frontières, une organisation non gouvernementale médicale humanitaire qui alerte sur la nouvelle approche d'expulsion forcée adoptée par Alger et qui a déjà fait des morts. En 2020, plus de 23 000 migrants sont arrivés dans la ville d'Assamaka et l'ONG a compté 4 370 arrivées de plus jusqu'au 19 avril. MSF a recueilli des centaines de témoignages de migrants qui expliquent comment ils ont passé des jours, voire des mois, enfermés dans des centres de détention avant d'être abandonnés au soi-disant «point zéro» à la frontière. La seule alternative à ces personnes pour survivre sans carte ou quoi que ce soit de marcher 15 kilomètres jusqu'à Assamaka, une petite ville située dans le désert au nord-ouest du Niger dans la région d'Agadez, à proximité de la frontière avec l'Algérie. Plusieurs sources confirment que certaines personnes se sont perdues en tentant de gagner ce point de passage. Ce sont des migrants qui viennent principalement d'Afrique de l'Ouest, et comprennent des enfants et des personnes âgées. MSF a également confirmé l'expulsion d'un blessé par balle et d'une autre personne à la jambe cassée, ce qui révélerait «l'iniquité» de la procédure algérienne. Le coordinateur MSF au Niger, Jamal Mrrouch, a assuré que l'Algérie viole le droit international avec l'arrestation et l'expulsion de ces migrants et a plaidé pour le respect des droits de l'homme sur l'une des routes de migration les plus fréquentées vers l'Europe. Ce type de démarches, selon l'ONG, ne fait qu'augmenter les risques liés aux courants migratoires. La Malienne Safi Keita, enceinte de quatre mois et mère de deux autres enfants, gagnait sa vie en vendant des épices en Algérie lorsque, selon son propre récit, la police a fait irruption chez elle. «Ils ont tout pris : mon argent et mes téléphones. Puis ils m'ont emmené au poste de police», déplore-t-elle. Le lendemain, elle est montée dans un camion «plein de monde», où «personne ne portait de masque», se dirigeant vers un centre de détention où elle a vécu pendant quatre jours dans des conditions insalubres et n'a reçu aucun traitement spécial malgré sa grossesse : «Les gardiens n'avaient aucune compassion pour moi ou pour ma condition physique.» Une fois libérée, elle s'est retrouvée à la frontière avec d'autres migrants dans la ville d'Assamaka, où elle a pu retrouver son mari. Un traitement inhumain Le témoignage de Safi est similaire à celui de Traoré Ya Madou, également malien et qui, comme sa compatriote, a été arrêté par la police. Dans son cas, il travaillait comme peintre en Algérie depuis six ans. «Il y avait environ 20 officiers. Ils ont enfoncé la porte et sont entrés», dit-il, d'être transféré au poste de police, où il a reçu «un traitement inhumain» et s'est retrouvé privé de tout. «J'avais 2 500 euros sur moi et les officiers ont tout pris. De plus, ils m'ont battu si sauvagement que je me suis retrouvé à l'hôpital», explique-t-il. M. Traoré affirme que, comme punition pour avoir tenté de résister à l'arrestation, il a été abandonné dans une zone désertique plus éloignée d'Assamaka et a dû marcher pendant quatre heures.