Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annulé jeudi sa première visite officielle aux Emirats arabes unis en raison d'un différend avec la Jordanie concernant le survol de son espace aérien, selon son bureau. M. Nétanyahou devait rencontrer le prince héritier d'Abou Dabi, cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, qui dirige de facto les Emirats, un pays du Golfe ayant récemment normalisé ses relations avec l'Etat hébreu, d'après des médias israéliens. Le déplacement a été annulé «en raison de difficultés de coordination de son vol à travers l'espace aérien de la Jordanie», a indiqué son bureau dans un communiqué en hébreu, sans donner de date pour une visite ultérieure. D'après cette source, le différend avec Amman est lié à l'annulation par Israël cette semaine d'une visite prévue du prince héritier jordanien à la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la Ville sainte annexé par l'Etat hébreu. La visite du prince a été annulée en raison «d'un désaccord sur les dispositifs de sécurité sur place», d'après le bureau de M. Nétanyahou. La Jordanie a indiqué que c'était le prince Hussein lui-même qui avait décidé d'annuler sa venue, prévue à l'occasion de la fête de Lailat al-Miraj qui, selon la tradition musulmane, commémore la nuit au cours de laquelle l'ange Gabriel demanda au prophète Mahomet de se rendre à Jérusalem. «Nous avions arrangé la visite avec Israël, mais nous avons été surpris, au dernier moment, qu'Israël veuille imposer de nouvelles dispositions et changer le programme de la visite d'une façon qui aurait imposé davantage de restrictions sur les habitants de Jérusalem à l'occasion d'une nuit de prières et de culte», a déclaré le chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi. Le prince héritier «a décidé d'annuler sa visite afin de préserver le droit des Hiérosolymitains de célébrer librement cette fête et sans de nouvelles restrictions», a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse à Paris, sans commenter le déplacement de M. Nétanyahou aux Emirats. L'Esplanade des Mosquées, où se trouve la mosquée Al-Aqsa, est administrée par le Waqf de Jérusalem, organisme qui gère les biens musulmans et qui, pour des raisons historiques, dépend de la Jordanie. Normalisation Des médias israéliens avaient auparavant suggéré que le premier ministre annulerait sa visite aux Emirats en raison de l'hospitalisation de son épouse Sara pour une appendicite. M. Nétanyahou, qui joue sa survie politique aux élections législatives du 23 mars, avait déjà reporté début février sa visite aux Emirats et à Bahreïn en raison des restrictions de voyage imposées pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Ces deux Etats arabes ont signé en septembre dernier des accords de normalisation de leurs relations avec Israël négociés sous l'égide des Etats-Unis de Donald Trump. Dans la foulée de ces accords, de nombreuses ententes commerciales ont été signées entre Israël et les Emirats arabes unis, qui ont depuis le 1er mars un ambassadeur pour l'Etat hébreu. M. Nétanyahou doit rencontrer jeudi après-midi les chefs de gouvernement tchèque et hongrois, Andrej Babis et Viktor Orban, qui se rendent en Israël pour parler de vaccins et de lutte contre le coronavirus, a indiqué son bureau.