Les appels à une enquête sur les accusations de harcèlement sexuel visant le puissant gouverneur de l'État de New York Andrew Cuomo se sont multipliés jeudi, relayés par le maire de New York et l'organisation contre les agressions sexuelles Time's Up. Une ex-conseillère économique du gouverneur démocrate, Lindsey Boylan, 36 ans, a accusé mercredi en détail, sur un blog, le gouverneur démocrate de 63 ans de l'avoir harcelée sexuellement lorsqu'elle travaillait pour son administration, de 2015 à 2018. Aujourd'hui candidate au poste de présidente de l'arrondissement de Manhattan, Lindsey Boylan affirme qu'Andrew Cuomo l'a notamment embrassée de force sur la bouche, a suggéré qu'elle joue avec lui au «strip poker» et a «multiplié les efforts pour (lui) toucher le dos, les bras, les jambes». «Le gouverneur a créé au sein de son administration une culture où le harcèlement et l'intimidation sont si répandus que c'est non seulement toléré, mais attendu», a-t-elle écrit. «Il faut une enquête complète et indépendante, ce sont des accusations graves», a déclaré jeudi le maire démocrate de New York Bill de Blasio, aux relations notoirement difficiles avec le gouverneur basé dans la capitale de l'État, Albany. «Nous devons savoir la vérité, la vérité telle qu'établie par un enquêteur ou une entité enquêtrice [...] qui n'ait pas le sentiment qu'elle n'est pas autorisée à rechercher la vérité», a-t-il ajouté, rejoignant ainsi les demandes d'enquêtes émanant de parlementaires de l'État, républicains, mais aussi démocrates. L'association Time's Up, née dans la foulée du mouvement #metoo pour protéger les femmes contre le harcèlement et les agressions sexuelles au travail, s'est aussi jointe au mouvement. «Les accusations de comportement inapproprié sont profondément troublantes et appellent une réponse. Nous demandons à l'administration Cuomo de mener une enquête complète et indépendante immédiatement», a indiqué jeudi sa présidente, Tina Tchen, sur le site de l'organisation. Le gouverneur n'a pas réagi directement à la note de blog. La veille, sa porte-parole avait qualifié ces allégations de «tout simplement fausses», dans un communiqué. La relance de ces accusations tombe au mauvais moment pour M. Cuomo, au pouvoir depuis 10 ans et dont le mandat expire fin 2022. Très populaire au début de la pandémie, il est désormais critiqué de toutes parts. Il est notamment accusé d'avoir minimisé, voire dissimulé, le nombre de morts de la Covid-19 dans les maisons de retraite de cet État de quelque 20 millions d'habitants. Une enquête préliminaire a été ouverte par les procureurs fédéraux new-yorkais. Il est aussi sur la sellette pour son comportement jugé parfois brutal, après qu'un parlementaire, Ron Kim, a indiqué que le gouverneur avait menacé de le «détruire» pour avoir dénoncé sa gestion des maisons de retraite.