Le Maroc a déjà vacciné plus de 2,9 millions de personnes contre le Covid-19, distanciant plusieurs grands pays de l'Union européenne. Si son choix de logistique à flux tendu et son réalisme a pour le moment assuré le succès de sa campagne vaccinale, il a réussi également a dépasser les limites de l'approvisionnement. «Un SMS suffit et quelques secondes plus tard, un rendez-vous de vaccination est confirmé. Le royaume a dépassé l'Allemagne en matière de vaccination. Et tandis que l'Europe est verrouillée, la vie au Maroc a repris ses allures d'antan» a écrit le site de la chaîne de télévision privée allemande Welt. La vaccination contre la Covid-19 au Maroc constitue l'une des interventions de santé publique les plus efficientes. Elle s'inscrit dans une logique collective, où la stratégie vaccinale est renforcée par la possibilité, si un niveau élevé de couverture est atteint, de maîtriser une situation sanitaire en perpétuelle mutation à l'échelle mondiale. «Le Maroc a une grande longueur d'avance sur l'Europe. Encore une fois, il faut le dire, car le royaume a fait beaucoup mieux que ses voisins européens pendant la pandémie», écrit le site allemand qui loue la campagne de vaccination contre la Covid-19 que mène le Maroc, qui a mis les bouchées doubles dans la course à l'immunisation avec plus de 2,9 millions de doses de vaccins déjà administrées dans le pays. Aucun goulot d'étranglement de livraison «Enseignants, médecins, infirmières, policiers et citoyens de plus de 75 ans ont déjà été vaccinés. C'est maintenant au tour des plus de 65 ans. L'objectif est de vacciner 80% de la population adulte, soit 25 millions de personnes. Si tout se passe comme prévu, cet objectif sera atteint d'ici la fin du mois de mai. Le Maroc a sécurisé 66 millions de doses de vaccin pour cela. Jusqu'à présent, il n'y a pas de goulots d'étranglement de livraison comme en Allemagne. AstraZeneca a envoyé six millions de doses de vaccin au Maroc au cours des dernières semaines. Un million de doses a été livré par la Chine et Sinopharm en enverra d'autres, parce que le Maroc a participé aux études préliminaires du vaccin chinois» note le site. «La campagne de vaccination réussie prouve une fois de plus qu'on peut compter sur le Maroc comme un bon gestionnaire de crises. Le royaume a également connu sa deuxième vague cet été, mais elle a été gérée avec une stratégie claire de mesures temporaires, d'isolement et d'hygiène, conjuguée avec le haut niveau de confiance de la population. Aujourd'hui, le ministère marocain de la Santé enregistre chaque jour moins de 500 nouvelles infections et seulement une dizaine de décès. Tendance à la baisse. Ce sont des chiffres qui rendront jaloux l'Allemagne et de nombreux autres pays de l'UE» précise Welt. Stratégie nationale «On peut appeler cela une réussite», déclare Hicham Sbaï de la faculté de médecine Mohammed VI de Tanger. «Comparé à d'autres pays, le Maroc a réagi plus vite, plus rigoureusement et avec plus d'anticipation.» «Dès le début, il y avait une stratégie nationale, explique-t-il, dans laquelle toutes les institutions et tous les acteurs ont été impliqués jusqu'au niveau régional.» «À ce jour, toutes les personnes impliquées dans la lutte contre le virus ont soutenu l'effort commun dirigé dans ce sens», poursuit le médecin de réanimation et professeur d'université. Chaînes d'infection «Un outil se démarque au Maroc dans la lutte contre le virus : le suivi des chaînes d'infection. À ce jour, il est au cœur des mesures anti-Covid-19», note la même source. Il y a actuellement près de 10 000 patients qui souffrent encore de Covid-19 au Maroc. Selon les statistiques officielles, 480 000 personnes au total ont été infectées depuis le début de la pandémie. La deuxième vague Le Maroc s'est abstenu de revenir à un verrouillage dur. Au lieu de cela, le Maroc a été divisé en différentes zones. Des interventions drastiques n'étaient effectuées au niveau local que lorsque le taux d'infection semblait devenir incontrôlable dans une zone. «Lorsque l'escalade menaçait, le suivi de la chaîne d'infection était à nouveau l'élément décisif», explique le professeur Sbaï cité par Welt. Il a fallu des mois pour maîtriser la situation, mais cela n'aurait pas été possible sans le traçage. «Aujourd'hui, la situation est à nouveau stable», assure presque le médecin-chef. «Depuis un mois et demi, nous n'avons eu que huit à dix patients dans notre unité de soins intensifs à Tanger et le taux de mortalité est en baisse.» «Plus vite nous vaccinons, plus vite le retour à la normalité s'approche», déclare Dr. Reklaoui, directeur médical du centre de santé Roi Fahd. «Nous nous sommes préparés depuis quatre mois et pouvons désormais vacciner le plus de personnes possible», a-t-elle précisé. Dr. Reklaoui est très satisfaite qu'aucune des personnes vaccinées ne se soit plainte des effets négatifs de l'injection jusqu'à présent. «Pas une seule fois», souligne-t-elle. «Cela peut bien sûr être dû à l'attitude positive démontrée», a-t-elle estimé.