Dans l'éditorial de ce mois de la revue du ministère de la défense algérienne, El-Djeïch, publiée dimanche 7 février, renoue avec la vision complotiste pour expliquer les grandes commotions politiques qui se préparent dans le pays. Les derniers événements qu'a vécus l'Algérie ont dû dessiller les yeux de quiconque a conservé en le régime actuel quelque peu d'espoir. Une situation sociale explosive, un président absent, une armée impopulaire et un gouvernement impuissant, faible, incertain de lui-même mènent l'Algérie vers un sombre avenir. Attaques légères, vérités suspectes et d'assertions sans preuves. L'armée algérienne a accusé dans l'éditorial de ce mois de la revue du ministère de la défense algérienne, El-Djeïch «des parties internes et externes» de viser la sécurité du pays et de tenter de le déstabiliser, «saluant» les manifestations pacifiques qui ont commencé en 2019 ayant renversé l'ancien président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Alors que les formes et les apparences de la stabilité ne sont plus là pour faire illusion aux esprits, les affaires de l'Algérie paraissent devoir présenter sous peu de nouvelles difficultés et de graves complications. L'éditorial du magazine de l'armée, d'une crédulité accusatrice, a averti que des parties étrangères (sans les nommer) mènent des actions contraires aux normes diplomatiques, soulignant que la «Nouvelle Algérie» rejette toute tutelle de toute partie, diktats ou toute ingérence étrangère. Toutefois, le texte a passé sous silence les institutions avilies, les responsables politiques déconsidérés, les lois dédaignées et impuissantes, la crédibilité compromise du Parlement, la paix civile menacée. L'armée utilise l'éditorial de son magazine mensuel comme plate-forme pour diffuser des messages sur la situation sur la scène politique en Algérie, alors que Abdelmadjid Tebboune, président par occasion, par une fantaisie du suffrage universel, est toujours à l'étranger, en convalescence. L'éditorial s'intitule «La nouvelle Algérie, une réalité devant les yeux». Ces avertissements sont survenus à un moment où certains appels ont été lancés sur les réseaux sociaux, poussant à un retour aux manifestations, coïncidant avec le deuxième anniversaire du mouvement du 22-Février. L'establishment militaire a noté dans son éditorial: «L'armée s'acquitte de son devoir envers la nation avec toute sincérité et dévouement, comme l'a confirmé le chef d'État-major de l'armée nationale populaire, le lieutenant général Chengriha, lors de sa supervision de la mise en œuvre d'un exercice tactique avec des balles réelles le mois dernier.» L'armée a estimé que «l'engagement à remplir (...) à l'occasion du deuxième anniversaire des marches populaires pacifiques qui ont débuté le 22 février 2019, est de placer l'intérêt de l'Algérie au-dessus de toute considération, à un moment où il n'est plus un secret que notre pays est visé par des parties étrangères qui n'aiment pas cette approche nationale». L'armée algérienne parle de «parties ennemies», sans les nommer, hostiles à «l'engagement du peuple algérien afin de construire une Algérie nouvelle, forte et souveraine». L'armée a déclaré que ces parties «poussent leurs pions, faisant entendre des voix malintentionnées associées à des agendas étrangers afin de contourner les demandes légitimes du peuple, dans une tentative de pousser le pays dans le chaos et de mélanger les cartes d'une manière qui sert leurs intérêts et leurs fins malveillantes.» Le texte, aux relents paranoïaques, a ajouté que cela s'inscrivait «dans le cadre d'un plan visant principalement à frapper la crédibilité de l'Armée nationale populaire, puis la relation solide qui lie le peuple à l'institution militaire». Un éditorial qui reflète la faillite d'un régime qui s'est ruiné de ses propres mains en ruinant tout ou en laissant tout ruiner autour de lui, qui a conduit l'Algérie à ce point où toute réforme n'est plus possible.