Deux millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de leur propre pays dans la région du Sahel. Un bien triste record, a indiqué vendredi l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Dans un communiqué de presse, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) appelle à la fin de la « violence incessante » dans la région du Sahel, « qui a déplacé plus de deux millions de personnes à l'intérieur des frontières de leur pays pour la toute première fois ». « Les déplacements internes de population dans la région ont ainsi quadruplé en moins de deux ans seulement, puisqu'il y avait 490 000 personnes déplacées internes au début de 2019 », a déclaré Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR. Plus de la moitié des personnes déplacées dans la région sont des Burkinabès. Rien que depuis le début de l'année, la violence au Niger et au Burkina Faso a forcé plus de 21 000 personnes à fuir leur foyer et à chercher refuge dans leur propre pays. Et au Burkina Faso, depuis le 31 décembre, une série d'attaques armées dans la ville de Koumbri et dans les villages voisins dans le nord du pays ont déplacé plus de 11 000 personnes. La plupart d'entre eux sont des femmes et des enfants qui ont fui de nuit, après que les assaillants ont commencé à tirer sur leurs maisons, selon le HCR. « La plupart d'entre eux ont rejoint des lieux en sécurité et sont désormais accueillis au sein des communautés locales à Ouahigouya et Barga, à environ 35 kilomètres de là », a détaillé M. Cheshirkov. Le Sahel accueille également plus de 850 000 réfugiés, principalement originaires du Mali. La région du Sahel – qui comprend le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger – compte certains des pays parmi les moins développés au monde. Selon le HCR, les communautés qui accueillent les déplacés ont atteint un point de rupture. Selon l'agence onusienne, l'extrême vulnérabilité du Sahel est exacerbée par l'impact du déplacement forcé, qui est causé par « les violences généralisées et brutales perpétrées par des groupes armés et criminels ». Dans ces conditions, le HCR estime que les États doivent agir maintenant pour aider les pays du Sahel à lutter contre les causes profondes de ce déplacement forcé, pour stimuler le développement stratégique et durable. Il s'agit aussi de renforcer les institutions telles que les écoles et les hôpitaux, dont beaucoup ont fermé en raison de la violence persistante. De plus, « La pandémie de Covid-19 a encore aggravé la situation », a ajouté le porte-parole du HCR.