Le Maroc devrait recevoir, ce vendredi 22 janvier, une première livraison de deux millions de doses du vaccin AstraZeneca envoyé d'Inde. L'objectif de cette campagne de vaccination est d'assurer la meilleure protection possible de la population contre la Covid-19, diminuer les formes graves et les cas mortels tout en maintenant les capacités du système de santé. Rappelons qu'un groupe de professionnels de santé, présidé par Pr Mohammed Bouskraoui, doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech et président de la Société marocaine d'infectiologie pédiatrique et de vaccinologie (SOMPIPEV), avait élaboré un document présentant des réponses aux questions les plus posées sur les vaccins anti-Covid. Les vaccins anti-covid sont conçus pour fonctionner avec notre système immunitaire Selon ce document, les vaccins anti-covid préviennent et réduisent la gravité de la maladie. Ils confèrent une immunité sans les risques graves associés à une infection naturelle. « Le port de masques et la distanciation sociale aident à réduire le risque d'être exposé au virus ou de le transmettre à d'autres, mais ces mesures ne suffisent pas. Les vaccins covid-19 sont conçus pour fonctionner avec notre système immunitaire afin que le corps soit prêt à combattre le virus si nous sommes exposés au virus. Si une proportion suffisamment importante d'une communauté devient immunisée contre la covid-19 grâce à la vaccination, cela peut réduire la propagation de la maladie à d'autres », précise-t-on. Les vaccins anti-Covid-19 contiennent-ils des adjuvants ? Les experts précisent que « les vaccins à ARNm et les vaccins reposant sur des vecteurs viraux ne contiennent pas d'adjuvant, leur structure même permettant de stimuler le système immunitaire inné », notant que « le Maroc a opté pour le vaccin Oxford/Astra Zeneca utilisant un vecteur viral ». Le système immunitaire garde-t-il le coronavirus en mémoire ? En ce qui concerne l'immunité acquise à la suite de la vaccination, les chercheurs soulignent « qu'il est trop tôt pour savoir si les vaccins contre la Covid-19 conféreront une protection à long terme ». « Il est encourageant de constater que, d'après les données disponibles, la plupart des personnes qui guérissent de la maladie développement une immunité qui offre au moins une certaine protection contre la réinfection – bien que nous ne sachions pas encore à quel point cette protection est forte et combien de temps elle dure », fait-on savoir. « Il est possible que l'efficacité des vaccins soit très élevée pendant des années, ou qu'elle diminue après 3-4 mois pour se stabiliser ensuite, ou encore qu'elle diminue de manière continue. Ainsi, on ne peut pas encore exclure qu'une vaccination périodique (annuelle ?) soit nécessaire pour les personnes à risques, comme c'est le cas avec la grippe », poursuivent les chercheurs. Le variant anglais, plus transmissible mais pas plus dangereux Doit-on donc s'inquiéter de l'émergence en Angleterre ou en Afrique du Sud de nouvelles souches ? Les médecins de SOMPIPEV rappellent que le SARS-CoV-2 mute en permanence. « Il s'agit d'erreurs de lecture de l'acide nucléique, le plus souvent sont sans conséquence, mais qui parfois peuvent apporter un avantage écologique. Une mutation sur la protéine « spike » avait conféré très probablement une plus grande transmissibilité », expliquent-ils. « Le variant anglais présente une mutation dans le domaine de liaison au récepteur de la protéine S. De plus, ce variant comporte plusieurs autres mutations et délétions. Ce qui inquiète, c'est que ce variant est devenu prédominant et de loin, dans la région de Londres et du sud de l'Angleterre, suggérant une plus grande transmissibilité et semblant toucher des populations plus jeunes. En revanche, il n'existe aucune donnée suggérant qu'il donne davantage de formes graves ou qu'il puisse échapper au vaccin ou à l'immunité naturelle induite par une précédente infection. En pratique, ce variant pourrait imposer « encore plus » de mesures d'hygiène et de confinement », ajoute-t-on. La vaccination comporte-t-elle des risques ? Comme pour tout traitement médical et tout vaccin, rappellent les chercheurs, des effets secondaires sont bien sûr possibles. « Le risque zéro n'existe pas. Ces effets indésirables peuvent être locaux, à l'endroit de l'injection (douleur, gonflement, irritation). Ces réactions sont tout à fait normales et font partie de la réponse immunitaire vaccinale. Des effets secondaires comme de la fièvre, des frissons, de la fatigue, des maux de tête sont également possibles. Ces réactions diffèrent d'une personne à l'autre et n'ont rien d'inquiétant. Des effets secondaires plus graves sont eux rares », explique-t-on. « Les effets secondaires surviennent dans les jours, les semaines et les 2 à 3 mois qui suivent la vaccination, lorsque le système immunitaire est activé au maximum. Ainsi, un suivi de 6 mois est nécessaire et suffisant pour les identifier. L'autre facteur important pour estimer la sécurité d'un vaccin est le nombre de personnes déjà vaccinées sans signal d'alerte », relèvent les chercheurs.