Les élus républicains qui contestent la victoire de Joe Biden à la présidentielle s'associent à une «tentative de coup d'État», a déclaré mercredi au Congrès le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer. «Tristement, et dangeureusement, certains éléments du parti républicain pensent que leur survie politique dépend de leur participation à une tentative de coup d'État», a-t-il déploré. Ce terme a été employé par Schumer lors d'une séance exceptionnelle du Congrès, après que des élus loyaux à Donald Trump aient fait résonner dans l'enceinte du Congrès les allégations de fraude électorale martelées, contre toute évidence, par le président sortant qui refuse de reconnaître sa défaite. Les efforts sans précédent du président Donald Trump pour renverser l'issue du scrutin de novembre ont atterri entre les mains du Congrès des États-Unis mercredi, alors que les élus de la Chambre des représentants et du Sénat sont réunis pour confirmer la victoire de Joe Biden au collège électoral. Cette procédure, généralement une formalité, prend cette fois la forme d'un affrontement politique inédit depuis la guerre de Sécession, alors que M. Trump tente par tous les moyens de rester au pouvoir. Mike Pence refuse d'appuyer la tentative de Trump Ses alliés républicains de la Chambre et du Sénat ont promis de s'opposer aux résultats électoraux, cédant aux pressions de leurs partisans de se «battre pour Trump». Mais c'est vers celui qui préside à cette session, le vice-président Mike Pence, que sont tournés tous les regards. Tout juste avant le début de la session du Congrès, M. Pence a défié le président, affirmant qu'il n'a pas la capacité unilatérale de rejeter les votes électoraux. Dans une déclaration, M. Pence a dit : «Je suis d'avis que mon serment de soutenir et de défendre la Constitution m'empêche de revendiquer une autorité unilatérale pour déterminer quels votes électoraux devraient être comptés et lesquels ne devraient pas l'être.» Le Parti républicain est déchiré Cette tentative désespérée de M. Trump est presque certainement vouée à l'échec face à un Congrès bipartisan prêt à accepter le résultat du vote du 3 novembre. M. Biden, qui a remporté 306 grands électeurs contre 232 pour M. Trump, sera assermenté le 20 janvier. «La chose la plus importante est qu'ultimement, la démocratie l'emportera», a dit en entrevue Amy Klobuchar, la sénatrice démocrate du Minnesota. Cette rencontre conjointe du Congrès, exigée par la loi, a débuté à 13 et est suivie de près par une nation dont les nerfs sont à vif, des mois après le vote, deux semaines avant l'assermentation et la passation pacifique des pouvoirs, et dans le contexte d'une pandémie qui fait rage. Le leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a mis ses collègues en garde contre les manœuvres du président. La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a décrit dans une lettre une journée «d'une grande importance historique» qui doit «assurer la confiance dans notre processus démocratique». Même si M. Trump multiplie les allégations de fraude électorale, des dirigeants de son parti et son propre procureur général assurent qu'il n'y a eu aucun problème suffisamment important pour influencer l'issue du vote. Tous les États, démocrates ou républicains, ont confirmé que les résultats sont justes et équitables. Le rôle de M. Pence est essentiellement cérémonial : il doit ouvrir les enveloppes scellées envoyées par les États et lire les résultats à voix haute. Mais il a fait l'objet d'une pression croissante de M. Trump de changer le résultat en sa faveur, même s'il n'a pas le pouvoir de le faire. Ce n'est pas la première fois que des élus contestent l'issue d'un scrutin, mais l'intensité de la campagne lancée par M. Trump est sans précédent ; de multiples élus républicains s'inquiètent que tout cela ne mine la confiance des électeurs envers leur gouvernement et le processus électoral. «Il n'y a aucun processus constitutionnellement viable de renverser une élection», a dit le sénateur Tim Scott, un républicain de la Caroline du Sud qui a refusé de se joindre au mouvement de contestation. Malgré tout, une douzaine de sénateurs républicains menés par Josh Hawley (Missouri) et Ted Cruz (Texas) et une centaine de représentants républicains comptent s'opposer aux résultats qui accordent la victoire à M. Biden. Les débats devraient durer plusieurs, plusieurs heures. MM. Hawley et Cruz pourraient briguer l'investiture républicaine en 2024 ; ils sont donc soucieux de s'attirer la faveur des partisans de M. Trump. Les démocrates sont majoritaires à la Chambre et le Sénat sous contrôle républicain est divisé sur la question. Ultimement, des majorités bipartisanes dans chaque chambre devraient donc solidement mettre les objections en échec.