L'année 2021 sera une année de rattrapage sur le plan économique. Les entrepreneurs renoueront ainsi avec la croissance dans un contexte d'économie fragilisée par la crise sanitaire et par les retombées du confinement qui a coûté à l'économie six points de croissance du PIB en 2020. Selon Youssef Guerraoui Filali, directeur du Centre marocain de gouvernance et de management (CMGM), l'année 2021 devrait être une année de réactivation des activités entrepreneuriales et de relance économique. « Pour cela, plusieurs mesures étatiques sont déployées pour permettre une meilleure reprise économique, telles que la création du Fonds Mohammed VI pour l'investissement, doté en premier de 15 MMDH du Budget de l'Etat, et le lancement du nouveau plan de relance industrielle 2021-2023 et plus spécifiquement la mise en place de la banque de projets industriels (soit 17 conventions d'investissement d'une enveloppe globale de 817 MDH à fin décembre 2020) », indique l'économiste dans une déclaration à Barlamane.com/fr. Pour Youssef Guerraoui Filali, d'autres mesures de relance doivent être vulgarisées pour stimuler au mieux l'investissement productif et la création des emplois, notamment l'offre Maroc PME « ISTITMAR » et « MOUWAKABA » permettant aux investisseurs nationaux ainsi qu'aux porteurs de projets de bénéficier d'aides en matière d'investissement et d'assistance technique. Il ajoute dans ce cadre que l'offre AMDIE qui concerne les investissements supérieurs à 100 MDH ou créateurs d'au moins 250 emplois directs pourrait « attirer les investissements étrangers et dynamiser le marché de l'emploi, mais à condition de la marqueter à grande échelle. In fine, il s'agit de mettre en avant la vitrine « Offre Maroc » pour attirer de nouveaux investissements étrangers, gisements de productivité et de valeur ajoutée ». S'agissant des finances publiques au titre de l'année budgétaire 2021, le directeur du Centre marocain de gouvernance et de management note que le Maroc devra poursuivre la maîtrise du déficit budgétaire en revoyant les dépenses étatiques liées au train de vie de l'administration. « Il est également question de maîtriser l'endettement public qui demeure un indicateur de viabilité des finances publiques. De ce fait, la réduction du taux d'endettement est prévue pour le Maroc dès 2022, en référant à la recommandation de la Banque mondiale, c'est à dire post-crise. Bien évidemment, cela ne pourra s'opérer qu'à travers des mécanismes de financement innovants, tels que le rééchelonnement des dettes et le recours à d'autres sources de financement et de refinancement des projets socioéconomiques (partenariats publics-privés, rentabilisation du foncier de l'Etat...) », explique-t-il. L'analyste chercheur rappelle dans ce cadre que l'année 2020 a été une année de récession économique, marquée essentiellement par le confinement, engendré par la crise sanitaire ainsi que la sécheresse et la pénurie des précipitations. « De ce fait, l'économie nationale a enregistré en effet une reculade profonde, soit une décroissance aux alentours de -7% en pourcentage du PIB. La grande majorité des secteurs économiques ont enregistré des baisses remarquables en termes de production et de chiffre d'affaires, à l'exception de quelques secteurs liés à la consommation domestique des ménages, tels que l'agroalimentaire, l'eau et l'électricité et les télécommunications suite aux nouvelles exigences liées à la pandémie (distanciation, télétravail, hygiène...) », a-t-il précisé. « Les seuils de pauvreté et de vulnérabilité ont augmenté à la suite des répercussions économiques négatives de la crise sanitaire. Plus de 5,5 millions de Marocains sont tombés dans le spectre de la pauvreté, tout en ayant bénéficié des aides étatiques en marge des trois mois de confinement. Selon le HCP, 190 000 personnes se sont retrouvées en chômage entre le 1er et le 3e trimestre de l'année 2020, ce qui a ramené le taux de chômage au niveau national de 10,5% à 12,7%. Dans cet ordre d'idées, j'estime qu'on enregistrera un taux de chômage de 13,5% à fin décembre », détaille l'économiste. Par ailleurs, l'accentuation des défaillances d'entreprises bat son plein. « Plusieurs entrepreneurs ont dû fermer leurs entreprises à cause du faible carnet de commandes causé par le recul significatif de la demande intérieure ainsi qu'aux différentes difficultés liées au financement du cycle d'exploitation (crédits en instance, salaires non honorés, loyers cumulés...) », fait-il savoir. En ce qui concerne les mesures prises par le Comité de veille économique, Youssef Guerraoui Filali souligne que le CVE a mis en place une panoplie de mesures pour soutenir le tissu entrepreneurial marocain et permettre la relance des entreprises post-confinement. « Je cite, entre autres, la mise en place de produits de financement spécifique en destination aux entreprises (Daman Oxygène, Daman Relance, Relance TPE), l'indemnisation servie par la Caisse nationale de sécurité sociale en période de confinement (plafonnée à 2 000 dirhams par salarié du secteur privé) et l'application du différé bancaire sur crédits à rembourser », rappelle-t-il. « Toutefois, la difficulté se situait au niveau de l'application locale des décisions prises par le Comité, puisque plusieurs petites et très petites entreprises ont rencontré des difficultés pour bénéficier des financements mis en place (mauvaise compréhension pour les intéressés, manque d'informations au niveau des agences bancaires et établissements de crédit...). Cependant, c'est l'accompagnement qui manquait à l'appel. Il fallait déployer des cellules locales ou régionales afin de s'assurer de la mise en œuvre efficace des décisions prises au niveau du CVE », regrette-t-il. À noter que la croissance de l'économie nationale devrait se situer à 0,5% au cours du premier trimestre de l'année 2021, selon le Haut-commissariat au plan (HCP). La croissance économique globale devrait ainsi s'accélérer sensiblement au cours des trimestres qui suivent, profitant d'un effet d'ajustement de la base lié à la chute de l'activité pendant la période de confinement.