J-2 pour un lancement très attendu : la campagne française de vaccination contre la Covid-19 débutera dimanche à Sevran, près de Paris, et Dijon, auprès de personnes âgées volontaires pour se faire injecter les premières doses de vaccin contre un virus qui a fait plus de 62 000 morts dans le pays. Après les États-Unis, la Grande-Bretagne, ou plus récemment la Suisse, la France débutera sa campagne de vaccination contre la COVID-19 deux jours après Noël, comme toute l'Union européenne. Cela «commencera dans un petit nombre d'établissements pour personnes âgées, et s'élargira progressivement à toute la France en janvier», avait annoncé mardi soir le ministre de la Santé Olivier Véran. Ainsi, quelques résidents d'établissements pour personnes âgées et leurs soignants-désignés publics prioritaires-devraient recevoir la première injection du vaccin développé par l'américain Pfizer et l'allemand BioNTech, le seul sur le marché actuellement. Les premiers flacons doivent arriver samedi sur le sol français, après un voyage sous haute sécurité. Le lendemain, le vaccin sera administré à des résidents de deux établissements, l'un situé en Seine–Saint-Denis, un département qui a payé un lourd tribut au Covid (près de 1500 morts), l'autre en Bourgogne–Franche-Comté, une des régions où le taux d'incidence du virus est le plus élevé. Ces lieux sont le centre gériatrique de Champmaillot, un service spécialisé de 60 lits pour des personnes de grand âge qui dépend du CHU de Dijon, et l'unité de soins de longue durée de l'hôpital René-Muret de Sevran (AP-HP). Attendue début 2021, cette première campagne de vaccination dès dimanche a surpris un secteur qui a pris de plein fouet la crise sanitaire et dont les personnels sont à bout de souffle en cette veille de fêtes. La vaccination contre la COVID-19 n'est pas obligatoire et repose sur le volontariat. Réalisée sur prescription médicale, elle doit être précédée d'une consultation prévaccinale pour déceler d'éventuelles contre-indications, allergies ou infections, et recueillir le consentement de la personne. Congélateur dédié Si la personne ne peut donner un consentement «éclairé», son représentant légal, sa «personne de confiance», ou à défaut une personne de sa famille pourra faire le choix pour elle, indique le protocole vaccinal envoyé par le ministère de la Santé à tous les Ehpad. Sans accord, il n'y aura pas de vaccination. Selon les données publiées vendredi soir par Santé publique France, le Covid a tué 159 personnes dans les hôpitaux en 24 heures (après 292 jeudi), portant le bilan des décès à 62 427 (dont 43 232 à l'hôpital) depuis le début de la pandémie. Les autorités sanitaires craignent que les fêtes de fin d'année entraînent un rebond de l'épidémie, en favorisant la promiscuité sociale. Mettant en garde contre une « troisième vague évidente », l'urgentiste Patrick Pelloux a appelé les malades «qui sont potentiellement graves et qui ont pour l'instant échappé au coronavirus» à se «faire vacciner». L'arrivée dans l'UE du vaccin Pfizer-BioNTech a été validée lundi par l'Agence européenne du médicament. Le feu vert français a ensuite été délivré jeudi par la Haute autorité de santé (HAS). Le vaccin «peut être utilisé chez les personnes de 16 ans et plus», «du fait de son efficacité et de son profil de tolérance satisfaisant», a estimé l'autorité sanitaire à la veille de Noël. Ce produit, baptisé Comirnaty, est «très bien toléré», avec «très peu d'effets secondaires graves», a-t-elle indiqué. Après l'expérience de dimanche, des livraisons de vaccins plus importantes sont prévues début janvier. La campagne pour les 7 000 Ehpad de France, leurs résidents et leurs soignants susceptibles de développer des formes graves de la COVID-19 ne démarrera réellement à grande échelle que début 2021. Les arrivages de vaccins sont échelonnés pour des contraintes de production et d'acheminement, mais aussi de conservation, le Pfizer BioNTech devant être stocké à-80 °C. Cette semaine, la possibilité de voir conditionner certains déplacements à la vaccination, évoquée dans un récent projet de loi, a suscité des réactions enflammées de l'opposition, redoutant une restriction des libertés. Au point que le gouvernement a renvoyé l'examen du texte à plus tard, pas «avant d'être sorti de la crise», a dit mardi Olivier Véran.