Le gouvernement britannique a décidé de reconfiner Londres et le sud-est de l'Angleterre dès dimanche, portant un coup de grâce aux retrouvailles de Noël, pour tenter de juguler une envolée des contaminations attribuée à une nouvelle souche du nouveau coronavirus. «Il semble que cette propagation est désormais alimentée par une nouvelle variante du virus», qui se transmet «bien plus facilement», «jusqu'à 70 % de plus», a déclaré le premier ministre Boris Johnson lors d'une conférence de presse. «Rien n'indique qu'il est plus mortel ou qu'il cause une forme plus sévère de la maladie» ou qu'il réduit l'efficacité des vaccins, a-t-il toutefois ajouté. Déjà soumis à de contraignantes restrictions, les habitants de la capitale et du sud-est de l'Angleterre vont être placés sous un nouveau niveau d'alerte, le quatrième et le plus élevé. Ils auront pour consigne de rester chez eux et les commerces non essentiels ne pourront plus rouvrir après avoir baissé le rideau samedi, mettant un terme aux achats de Noël de dernière minute. Les pubs, restaurants et musées y avaient déjà refermé mercredi, un peu plus de deux semaines après la sortie début décembre d'un deuxième confinement d'un mois en Angleterre. Tous les déplacements en dehors de cette zone, que ce soit pour aller ailleurs au Royaume-Uni ou à l'étranger, seront interdits. Rejeté il y a encore quelques jours par Boris Johnson, un strict tour de vis est aussi donné au relâchement qui était prévu pour permettre à jusqu'à trois foyers de se retrouver pendant cinq jours autour de Noël. Désormais, tout rassemblement est interdit pour Noël dans le niveau d'alerte le plus élevé, tandis que les retrouvailles devront se concentrer sur un seul jour, le 25 décembre, dans les autres. «C'est avec le cœur lourd que je dois vous dire que nous ne pouvons pas laisser Noël se dérouler comme prévu», a expliqué Boris Johnson, assurant n'avoir «pas le choix». Pour le maire de Londres Sadiq Khan, la capitale est confrontée au «Noël le plus dur depuis la guerre». Le Royaume-Uni a informé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de la propagation plus rapide de la nouvelle souche. De précédentes mutations du SARS-CoV-2 ont déjà été observées et signalées dans le monde. Forme «dominante» Selon le conseiller scientifique du gouvernement, Patrick Vallance, cette nouvelle variante «se propage rapidement», et devient aussi la forme «dominante», ayant entraîné «une très forte hausse» des hospitalisations en décembre. Cette variante, qui serait apparue mi-septembre à Londres ou dans le Kent (sud-est), était à l'origine de 62 % des contaminations enregistrées à Londres en décembre et de 43 % dans le sud-est, bien plus qu'à la mi-novembre, a-t-il souligné. Il a précisé qu'elle contenait 23 changements, un «nombre inhabituellement grand», beaucoup étant «associés aux changements dans la protéine que le virus fabrique» et «à la manière dont le virus se lie aux cellules ou les pénètre». Estimant que cette souche pouvait aussi être présente dans d'autres pays, il a toutefois assuré que selon les scientifiques, les vaccins continuaient d'offrir une réponse «adéquate». Le Royaume-Uni est le pays d'Europe le plus durement touché avec l'Italie, avec plus de 67 000 morts. Le seuil des deux millions de cas enregistrés a été franchi samedi. Au total, quelque 38 millions de personnes en Angleterre, soit 68 % de la population, vivaient déjà sous de très strictes restrictions. Helen Dickinson, patronne du British Retail Consortium, fédération britannique des commerçants, a prévenu que « les conséquences de cette décision seront sévères », avec «plusieurs milliers d'emplois menacés» dans le secteur. Au Royaume-Uni, où chaque nation décide de sa propre stratégie face à la crise sanitaire, un confinement sera aussi mis en place dès dimanche au Pays de Galles, un peu plus d'une semaine plus tôt que prévu. L'Écosse a également serré la vis, annonçant samedi un confinement dès le lendemain de Noël, seul jour où les familles pourront se voir, et des vacances scolaires prolongées jusqu'au 11 janvier. L'Irlande du Nord va elle se reconfiner juste après Noël. Très critiqué depuis le début de la pandémie pour sa gestion de la crise, le gouvernement britannique mise gros sur la vaccination avec une campagne lancée dès le 8 décembre, visant en priorité les personnes âgées et les soignants. Après le vaccin Pfizer-BioNTech, l'agence britannique du médicament (MHRA) devrait approuver, le 28 ou le 29 décembre, un deuxième vaccin, celui développé par le laboratoire AstraZeneca avec l'université d'Oxford, selon le journal The Telegraph.