Dans un communiqué diffusé ce matin, le ministère de la Santé a annoncé le lancement de la campagne nationale de vaccination contre la grippe saisonnière. Cette année, l'offre de Vaxigrip ne dépasse pas 300 000 doses contre 600 000 en 2019 et le vaccin sera vendu à 125,30 dirhams l'unité. Selon une circulaire du ministère de la Santé qui a été adressée dimanche aux Directeurs régionaux de la santé, au président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens et au Président du Conseil national de l'ordre national des médecins, la vaccination contre la grippe saisonnière se fera uniquement sur prescription médicale. Ali Lotfi, secrétaire général de l'Organisation démocratique du travail (ODT), chercheur en politique de santé et des médicaments et président du réseau marocain pour la défense du droit à la santé, a déclaré à Barlamane.com que « la prescription médicale doit être uniquement réservée à des cas spécifiques qui nécessitent véritablement une consultation médicale ». Il rappelle que le système de santé est presque à la limite de ses capacités, « d'où l'importance de la généralisation de la vaccination » et note que « l'OMS a recommandé la vaccination annuelle contre la grippe, moyen de prévention le plus efficace ». Cette vaccination est, certes, « particulièrement importante pour les personnes les plus exposées au risque de complications graves de la grippe et pour les agents de santé, mais, toutes les personnes ont droit à la vaccination contre la grippe ». Le président du réseau marocain pour la défense du droit à la santé a tenu à souligner que « les professionnels de la santé doivent bénéficier de cette campagne étant donné qu'ils sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus et sont, ainsi, exposés à tous les dangers qui découlent de cette pandémie ». En effet, la vaccination antigrippale protège non seulement les agents de santé, mais aussi leurs familles et leurs patients qui, d'ailleurs, sont souvent vulnérables. Ces effectifs importants incluent le personnel soignant des hôpitaux, des établissements de soins de longue durée (comme les maisons de retraite), et de proximité. La vaccination contribue également à réduire les jours de congé de maladie, ce qui est particulièrement important pendant une pandémie pour assurer la résilience des services de santé. A. Lotfi a également noté que le prix de la dose a augmenté, passant ainsi de 72,80 à 123,50 dirhams (+50,70 dirhams). Ainsi, les personnes désirant se faire vacciner devront désormais débourser plus de 300 dirhams pour payer les frais de consultation, du vaccin et l'acte de vaccination, « une somme qui n'est pas à la portée de tout le monde, notamment les personnes qui ne sont assujetties à aucun des régimes d'assurance maladie obligatoire de base ». Par ailleurs, le chercheur en politique de santé et des médicaments note que les pharmaciens craignent de ne pas pouvoir faire face à la demande très forte des Marocains souhaitant se faire vacciner contre la grippe, en raison de la quantité limitée des doses de Vaxigrip acquise par le ministère de la Santé. « Dans de nombreuses pharmacies, il sera difficile de dénicher le précieux vaccin même en étant une personne prioritaire. 300 000 doses ! Ce n'est pas suffisant en cette période critique », déplore-t-il. Rappelons que chaque année, jusqu'à 650 000 décès seraient associés aux affections respiratoires dues à la grippe saisonnière. Ces chiffres témoignent de la forte charge de mortalité due à la grippe et de son coût social et économique considérable à l'échelle mondiale. Ils soulignent l'importance de la prévention face à l'épidémie saisonnière de grippe et la pandémie du coronavirus.