La TPME marocaine est très sensible à son environnement (endogène et exogène), et le Covid-19 aura mis à rude épreuve la résilience de nombreux secteurs d'activité, où les TPME restent les premières exposées. Selon le vice-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et président de la commission TPE-PME, Mohamed Talal, les TPME sont aujourd'hui à la recherche de nouveaux points de stabilité. Chaque TPME trace sa feuille de route et se doit de la réactualiser très régulièrement dans un contexte mondialisé où les barycentres de production et commerciaux vont commencer à se déplacer. Le tout, avec son lot de "barrières non tarifaires" (par exemple export décarboné), et de politiques individualistes construites sur la "préférence nationale" des Etats ou des régions (Europe). D'après M. Talal, la PME nationale a été fortement affectée par la crise épidémique. « Pour commencer, au niveau de sa trésorerie, si Damane Oxygène et Damane Relance ont apporté des solutions courts-termes, il n'en demeure pas moins que cela reste de la dette qui vient grever les ratios financiers de l'entreprise et par conséquent, augmenter sa fragilité et sa capacité d'endettement futur pour investissement. Pour apporter une solution long terme, la CGEM porte le projet de mettre en place des dettes mezzanines (long terme) adressées aux TPME, ce qui permettrait très certainement de soulager les entreprises et améliorer leur compétitivité en vue d'affronter une concurrence internationale qui sera très certainement brutale », précise-t-il. Les délais de paiement restent également un sujet épineux dont l'impact ira au delà de la période de pandémie. Par conséquent, la TPME va resserrer ses conditions commerciales au détriment du développement ou de l'investissement. « Là encore, la CGEM avance sur ce dossier pour que soient mises en place des sanctions pécuniaires pour tout retard dans les paiements de ses créances. Sur le plan social, de nombreuses entreprises se trouvent confrontées à des pertes totales ou partielles d'activité, ou tout simplement doivent se reconvertir sur de nouveaux produits ou marchés », explique-t-il. Selon le vice-président de la CGEM, pour les PME industrielles, la situation est encore plus difficile au regard des mutations que connaissent les marchés à l'international et les mesures de protectionnisme qui s'opèrent dans les pays partenaires pour protéger leurs entreprises nationales. Les économies de par le monde ont injecté des sommes colossales dans leurs tissus économiques, ce qui ne manquera pas de créer des distorsions de compétitivité entre les entreprises des différentes économies. Il est urgent aujourd'hui non seulement de se pencher sur les ALE à la lumière des impacts de cette pandémie sur les stratégies économiques des Etats et des régions, mais également d'analyser les dérives actuelles et à venir, conformément aux accords de l'OMC. Il faut aussi mettre en place les instances de veille économique et commerciale, pour une "Intelligence Économique" offensive au vu des batailles qui nous attendent sur la scène économique internationale. Pour M. Talal, les entreprises doivent travailler pour penser les nouveaux marchés de demain, au vu des relocalisations de productions, mais aussi des nouveaux besoins de consommation. Nombre d'entre elles devront se reconvertir dans de nouveaux métiers, des marchés seront très certainement gagnés mais bien d'autres seront perdus. Un nouveau point d'équilibre sera aussi trouvé par de nombreux secteurs d'activités. Par exemple, le tourisme avec son écosystème a été, est et sera encore très impacté. C'est un secteur qui a besoin de soutiens à court et moyen terme, mais également d'accompagnement pour la reconquête des marchés en sortie de crise.