Le secteur automobile a été percuté de plein fouet par la crise épidémique. L'arrêt temporaire d'activité pendant plus de trois mois suite au confinement ainsi que la baisse de la demande a lourdement impacté cette activité. Au Maroc, le secteur n'est pas resté à l'abri de ce contexte mouvementé et les performances à l'exportation dénotent d'un recul de près de 40% du chiffre d'affaires sur la première moitié de l'année, comme le souligne le chercheur du Policy Center for the new South, Abdelaâziz Aït Ali, dans son analyse intitulée « Industrie automobile nationale face à la Covid-19 : faut-il se préoccuper de l'impact sur le compte courant ? ». Adil Bennani, président de l'Association des importateurs automobiles au Maroc (AIVAM), souligne qu'il faut au moins 30 mois d'activité pour rattraper des pertes essuyées sur les 3 mois de confinement. Il précise que les ventes ont plongé de près de 50% en mars. En effet, pour le segment des véhicules particuliers, la chute est de 62,9% comparativement à fin mars 2019, avec 5 557 unités vendues. Quant au segment des véhicules utilitaires, les ventes ont baissé de 49,01% comparativement à mars 2019. Cette tendance baissière a également été observée en avril et en mai (une baisse allant de 85 à 90%). En juin, les prémices d'une légère reprise se sont manifestées dans la vente des voitures neuves. Cette tendance haussière a continué en juillet puisque les ventes (VP/VUL) ont connu une progression de 8,03%. « Certes, le marché rattrape progressivement le retard accumulé suite au confinement puisque la situation épidémique a obligé les personnes souhaitant acquérir un véhicule neuf à repousser leur achat. Aujourd'hui, des indicateurs encourageants et des signes prometteurs apparaissent ici et là sur les marchés auto. Mais, nous sommes toujours loin du compte », précise M. Bennani. Soulignons que cette amélioration d'indicateurs s'est poursuivie à fin août avec 11 543 vendus tous segments confondus, soit une progression de 12,82% comparativement à août 2019. Il s'agit d'une progression de l'ordre de 24,08% pour le segment des véhicules utilitaires légers (VUL) et de 11,48% pour les véhicules particuliers (VP). « A l'heure qu'il est, nous abordons un quadrimestre dans un contexte toujours marqué d'incertitude par rapport à l'évolution de la situation sanitaire. Les meilleures estimations font état d'une année qui se bouclera probablement à -25% par rapport à l'année dernière. Et c'est le quart de l'année qui part en fumée », explique le président de l'Association des importateurs automobiles au Maroc. Pour le moment, le gouvernement n'a pas encore pris des mesures de relance, notamment fiscales, afin de stimuler la demande. Rappelons, dans ce cadre, que la Fédération de l'automobile (FA) a proposé des mesures consolidées par la CGEM qui ont été soumises au Comité de veille économique. Ainsi, afin de stimuler la demande, plusieurs mesures ont été proposées par la FA, telles que le renforcement de l'intégration locale en profondeur à travers des primes à la casse pour le renouvellement de véhicules particuliers et utilitaires légers de plus de 30 ans (parc : 500 000 véhicules). Il s'agit aussi de soutenir l'export, améliorer la commande publique, lier la commande publique avec un niveau d'intégration locale, prioriser les investissements publics et lier les subventions publiques avec un niveau d'intégration locale.