L'ONG AI dénonce de «lourdes peines» et un «contexte de répression croissant» après la condamnation de Khaled Drareni et d'Abdelkrim Zeghileche à de la prison ferme. Une ONG londonienne a appelé les autorités algériennes à cesser «immédiatement» leur «harcèlement judiciaire systématique» envers les journalistes du pays, jeudi 27 août, en réaction à de récentes peines de prison ferme prononcées à leur encontre. Reporters sans frontières (RSF) avait également appelé mercredi les autorités algériennes à cesser toute «répression de la liberté de la presse» et à « revenir au respect du droit, de la Constitution et des engagements internationaux du pays». «Des journalistes ont récemment été emprisonnés pour avoir partagé des vidéos, critiqué le président et exprimé leur soutien aux mouvements de protestation», déclare dans un communiqué Amna Guellali, une responsable de ladite ONG pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, selon qui «les autorités algériennes sont prêtes à tout pour faire taire les critiques». Dénonçant de «lourdes peines» et « un contexte de répression croissant », l'ONG leur demande de «cesser le harcèlement judiciaire systématique des journalistes et de respecter le droit à l'information en levant le blocage de sites d'information». «Au lieu d'intimider les journalistes, les autorités algériennes doivent veiller à ce que tous les journalistes du pays puissent exercer leur métier sans être intimidés, harcelés ou menacés d'arrestation», dit encore Mme Guellali. Au moins huit journalistes incarcérés depuis le début de la contestation populaire contre le régime Le journaliste Khaled Drareni, directeur du site d'information en ligne Casbah Tribune et correspondant en Algérie de la chaîne de télévision française TV5 Monde et de RSF, a été condamné le 10 août à trois ans de prison ferme pour «incitation à un attroupement non armé» et «atteinte à l'unité nationale». Il était poursuivi pour sa couverture, le 7 mars à Alger, d'une manifestation contre le régime. Son procès en appel est prévu le 8 septembre. Lundi, Abdelkrim Zeghileche, directeur d'une radio indépendante en ligne, a aussi été condamné à deux ans de prison ferme, pour «atteinte à l'unité nationale» et «outrage au chef de l'Etat». Ces sentences ont choqué au sein de la profession, en Algérie et au-delà. Amnesty évoque dans son communiqué l'incarcération d'«au moins huit journalistes» depuis le début du Hirak, le mouvement de contestation du régime, en février 2019. En outre, plusieurs sites d'information sont de façon récurrente l'objet de blocages sur le territoire algérien. Actuellement, «deux sites d'information indépendants sont inaccessible », selon RSF. L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a dégringolé de vingt-sept places par rapport à 2015.