La guerre en Libye est au centre d'une suractivité diplomatique en raison des tensions internationales, notamment entre la France et la Turquie, et régionales, alors que l'Égypte a menacé d'intervenir directement dans le conflit. Le conflit en Libye est au cœur d'intenses tractations diplomatiques, alors que la tension est montée crescendo ces derniers jours entre la France et la Turquie. Les deux pays s'accusent mutuellement de contribuer à la dégradation d'une situation déjà très compliquée. C'est dans ce contexte que le président Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine, qui doivent s'entretenir vendredi après-midi par visioconférence, aborderont, parmi d'autres dossiers, le conflit en Libye. Une guerre dont Moscou est l'un des principaux acteurs étrangers, de par son soutien aux forces du maréchal Haftar, également appuyé par l'Égypte et les Émirats arabes unis, face aux forces du Gouvernement d'union nationale libyen (GNA), reconnu par l'ONU et soutenu par Ankara. Le président Emmanuel Macron est monté d'un cran en début de semaine dans l'escalade verbale avec la Turquie, en dénonçant le « jeu dangereux » d'Ankara en Libye.Paris reproche notamment à Ankara d'armer massivement les forces du GNA, et d'avoir dépêché des milliers de mercenaires syriens sur le terrain, en violation de l'embargo sur les armes décidé par les Nations unies. Les Turcs, dont l'intervention directe dans le conflit a scellé l'échec de l'offensive du maréchal lancée en avril 2019 sur la capitale Tripoli, accusent de leur côté les Français de soutenir le "pustchiste" Haftar. Paris a également activé la carte européenne en demandant, mercredi, à Bruxelles de se pencher « sans tabou » sur sa relation avec la Turquie, membre de l'Otan. Il faut « des clarifications sur le rôle que la Turquie entend jouer en Libye », a indiqué le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, qui estime que le « renforcement de son poids » dans ce pays « aboutit au fait que les Russes renforcent le leur » aux côtés du maréchal Haftar. Et en conséquence de compliquer toute perspective de cessation des hostilités, en provoquant au contraire « une syrianisation" de la Libye. D'autant plus que la France prend au sérieux les récentes menaces de l'Égypte, qui a averti que toute avancée des pro-GNA vers Syrte, verrou stratégique vers l'Est et le fief du maréchal Haftar, pourrait entraîner une intervention « directe » du Caire. Des propos considérés comme une « déclaration de guerre » par le GNA. Alors que le conflit ne cesse de s'internationaliser, l'Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, redoute la partition d'un pays plongé dans l'instabilité depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. Par ailleurs, la Ligue arabe, qui peine à se faire entendre sur ce dossier, a appelé de son côté, mardi, au retrait de Libye des troupes étrangères et à l'ouverture de pourparlers pour mettre fin au conflit. C'est à la demande de l'Égypte que la Ligue arabe a tenu une réunion en vidéoconférence sur le conflit à laquelle ont participé les représentants de 21 pays arabes, dont le GNA, qui avait initialement refusé l'invitation du Caire. Dans un communiqué, la Ligue arabe a dit « rejeter toutes les interventions étrangères illégitimes » en Libye et réclamé « le retrait de toutes les forces étrangères du territoire de la Libye et de ses eaux territoriales ». Là aussi, le représentant du GNA, Saleh al-Shemakhy, a exprimé des réserves sur l'appel de la Ligue, déclarant que les forces étrangères (la Turquie) qui soutiennent le GNA contribuaient à repousser l' »agression » des forces du maréchal Haftar.