Le procès pour corruption de proches de l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika en Algérie, a repris mardi avec l'audition de l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, un des principaux inculpés apparu menotté la veille aux obsèques de son frère. Le procès, ouvert dimanche, a été suspendu quelques heures après le début en raison du décès soudain du frère et avocat de M. Ouyahia, Me Laifa Ouyahia, qui a succombé à un malaise cardiaque. Aux obsèques dans un cimetière d'Alger lundi, M. Ouyahia, qui purge une peine de 15 ans après un autre procès, est apparu menotté et entouré d'une escouade de gendarmes d'élite. Plusieurs internautes, d'anciens responsables et des journalistes ont critiqué la façon dont l'ex-Premier ministre a été traité et les appels à ne pas diffuser ces images se sont multipliés. « L'autorité judiciaire qui a autorisé le prévenu Ahmed Ouyahia à assister à l'enterrement de son frère aurait dû également assurer au citoyen Ouyahia les conditions de dignité et de sérénité », a écrit l'ex-ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi sur sa page Facebook. « Le triste spectacle donné dans un lieu de recueillement squatté par des médias en dessous de tout et de badauds voyeuristes ne fait pas honneur aux pouvoirs publics », a-t-il ajouté. Pour le journaliste et militant des droits humains Arezki Ait-Larbi, le pouvoir, en autorisant M. Ouyahia à y assister, voulait « juste l'humilier en l'exhibant comme un trophée ». Outre M. Ouyahia, plusieurs autres ex-responsables sont poursuivis dans ce procès pour corruption, dont l'homme d'affaires Ali Haddad, omnipotent patron des patrons sous l'ère Bouteflika, l'ex-premier ministre Abdelmalek Sellal et sept autres anciens ministres. Ces anciens responsables sont accusés d' »obtention de privilèges, d'avantages et de marchés publics en violation de la législation, de dilapidation de deniers publics, abus de fonction, conflit d'intérêts et corruption dans la conclusion de marchés publics ». Considéré comme l'un des principaux financiers des dernières campagnes électorales de M. Bouteflika, Ali Haddad avait été condamné en appel fin mars à quatre ans de prison après un autre procès pour corruption. Les vastes enquêtes pour corruption et népotisme lancées après la démission en avril 2019 de M. Bouteflika sous la pression d'un mouvement de contestation inédit, ont conduit à une série de procès.