Le gouvernement français adopté, mercredi, le projet de loi entérinant le passage vers l'Eco, nouvelle monnaie africaine. Celle-ci viendra remplacer le franc de la Communauté financière africaine, monnaies commune héritée de la colonisation française et utilisée par 14 pays d'Afrique. lorsqu'il a vu le jour au milieu des années 1940, le Fcfa signifiait tout bonnement “franc des colonies françaises d'Afrique”. Dans la foulée des indépendances dans la région, l'acronyme avait évolué pour signifier “franc de la Communauté financière africaine”. Le changement de monnaie ne fait pas l'unanimité dans les rangs des décideurs africains. Pour certains, cette étape est une boîte de Pandore qui est susceptible d'apporter son lot de problèmes économiques. Pour les autres, la monnaie commune induira forcément stabilité et unité économique. Le FCFA devient donc l'Eco, dans l'objectif, antérieurement avancé par le président français Emmanuel Macron, de “rompre les amarres” avec les oripeaux du passé colonial et écrire une page nouvelle du partenariat “décomplexé” avec l'Afrique. L'accord de coopération régissant ce changement et remplaçant celui du 4 décembre 1973, a été signé fin 2019 entre la France et l'UMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) à l'occasion d'une visite d'Emmanuel Macron à Abidjan. Selon le gouvernement français, il s'agit d'une “réforme ambitieuse” des relations entretenues par l'UMOA avec la France pour le fonctionnement de son Union monétaire. Cette rupture est cruciale qu'elle touche à trois points de grande importance : En premier lieu, le FCFA va devenir l'Eco, soit l'appellation retenue pour la future monnaie unique du bloc des 15 pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Deuxième réforme : la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ne se trouvera plus obligée de verser la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France. Une émancipation de taille de l'avis de plusieurs voix anti-FCFA. Elle sera libre de placer ses avoirs dans les actifs de son choix. Troisième changement annoncé. Paris va abandonner son siège au sein des instances de gouvernance de l'Union monétaire ouest africaine (UMOA) où elle prenait ses quartiers. “La France ne nommera plus aucun représentant au Conseil d'administration et au Comité de politique monétaire de la BCEAO, ni à la Commission bancaire de l'UMOA”, avait assuré l'Elysée en affirmant qu'il s'agit, de la sorte, de “désamorcer les critiques” selon lesquelles la France continuait de dicter ses décisions dans ces instances via ses représentants. Néanmoins, des interrogations, pas totalement au goût de certains économistes africains, persistent, notamment le maintien de la parité fixe avec l'euro. Idem pour le rôle de garant financier de la France pour les huit pays de l'UEMOA qui, pour le moins, demeure controversé. Entre-temps, d'ici la mise sur le marché des coupures de l'Eco, nombre de questions demeurent en suspens, principalement en lien avec le calendrier de lancement de la nouvelle monnaie et la corrélation entre la réforme du FCFA et la future monnaie unique de la CEDEAO, groupement comptant des pays anglophones non-membres de la zone FCFA.