La pandémie de coronavirus a gravement affecté les compagnies aériennes. Pour plusieurs, l'activité a cessé totalement pendant plusieurs mois déjà. La RAM n'est pas en reste. Barlamane.com a appris que son président Abdelhamid Addou a adressé une lettre au personnel afin de lui présenter les lignes directrices de la prochaine étape de la compagnie aérienne marocaine. Abdeslam Addou commence par féliciter son personnel, qui a contribué à l'application du « plan de continuité d'activité, de la gestion administrative du plan d'austérité décidé, ou encore des actions opérationnelles de maintenance de nos machines à CMN ». Durant cette crise, la majorité du personnel est en télétravail, d'autres sont en congé, écrit M. Addou, ajoutant que la sécurité du personnel et la priorité de l'entreprise, ainsi des mesures de protection et de distanciation sociale, pour préserver la santé et la sécurité des employés qui doivent se rendre sur les lieux de travail a été mis en place. Sur le volet économique, « un plan d'austérité » drastique visant la pérennité des emplois sur le court terme a été mis en place par la RAM. « Grâce à ce plan, nous avons maintenu les fondamentaux de la compagnie, reporté des dépenses non essentielles, renégocié des contrats et des délais de paiement…Cela nous a permis de respecter nos engagements sur mars, avril et mai ». Juin sera plus difficile, prévient le président puisqu'il « nécessitera un apport important, en termes de cash-flow ». Faire face au mois de juin ne sera cependant pas impossible, puisque la RAM compte lever la dette garantie par l'État pour faire face aux engagements du 6ème mois de l'année, informe M.Addou. Les retombées du coronavirus ont été féroces partout dans le monde sur l'industrie aérienne. L'Association internationale de transport aérien (IATA) prévoit une contraction de la demande de 55% en 2020. Les pertes sont évaluées au niveau mondial à 314 milliards de dollars, dont 6 milliards de dollars en Afrique, et 25 millions d'emplois sont menacés à travers le monde. Pour la RAM, « l'impact sur le trafic a été violent avec une baisse respective de 60% en mars et 100% en Avril, par rapport à l'année dernière, après une forte croissance à deux chiffres, entre novembre et février ». La RAM essuie des pertes en chiffre d'affaires s'élèvent à 50 millions de dirhams par jour. « Nous traversons donc la pire crise de notre histoire, une crise mondiale d'une magnitude jamais connue par notre génération, bien plus violente que 2001 ou 2009″, écrit M. Addou. « Celle-ci sera longue, douloureuse et appellera chacun de nous à faire preuve de discernement et d'abnégation pour privilégier l'intérêt commun et la préservation des emplois, aux considérations court-termiste. C'est la seule voie qui nous permettra de traverser cette épreuve difficile, avec le moins de dégât possibles ». « Les modes de voyage changeront à coup sûr, les critères de choix des clients et leurs exigences évolueront, de nouvelles régulations verront le jour et nous devrons nous y adapter », prévoit M. Addou. « Notre aptitude à reprendre l'activité dépendra fortement de notre degré de préparation et d'adaptation à ces nouvelles normes et méthodes de service », informe-t-il. Pour M. Addou, la RAM ne manque pas d'atouts réels pour redémarrer. « Nous avons une marque forte, des équipes reconnues parmi les meilleures de l'industrie, un leadership continental incontesté, renforcé davantage avec notre adhésion à OneWorld. Nous avons entamé une digitalisation forte de notre compagnie et de nos produits, nous sommes désormais plus efficaces », rappelle-t-il pour conclure. La reprise se fera sur une période minimale de 36 mois avant de retrouver un réseau comparable à 2019 annonce le président de la RAM. L'un des plus gros défis de la compagnie aérienne nationale sera la contraction de la demande mondiale et des financements. « Nous serons dès lors amenés à faire des sacrifices importants, et réduire la voilure de manière drastique », prévient M. Addou. « Nous devons aussi changer notre manière de travailler et revoir nos coûts et nos charges fixes de manière forte et pérenne, afin d'être plus compétitif et plus agile », énumère-t-il. Le soutien matériel sera donc nécessaire pour aider la RAM à redémarrer son activité, pour ce faire, le compagnie compte sur l'aide de l'Etat. « Les discussions sont en cours avec l'Etat, depuis le début de la crise. Nous travaillons étroitement avec plusieurs membres du gouvernement, afin de préparer une ébauche de plan de reprise à même de garantir la pérennité de notre entreprise à long terme », fait savoir M. Addou. À travers sa lettre M. Addou affirme qu'il cherche à être sincère et transparent avec ses collaborateurs afin de les préparer à la prochaine étape que va traverser l'entreprise. Plusieurs scénarii sont sur la table, en termes de niveau et de délais de redémarrage de l'activité, selon la même source. Une direction sera validée par les actionnaires, puis des réunions de partage et de concertation avec les partenaires sociaux seront instaurées afin de finaliser au mieux le plan de reprise. « Nous chercherons à préserver au maximum l'emploi tout en garantissant la pérennité financière de la compagnie », explique M. Addou.