Vivant le pire épisode de son histoire, le secteur touristique dans le monde souffre des conséquences de la crise épidémique. Les revenus du tourisme mondial pourraient baisser d'au moins 300 milliards de dollars cette année. En effet, le nombre très important d'annulations couplé à la chute des réservations engendre des coûts financiers énormes pour les opérateurs touristiques. Des demandes d'annulation de tous les services, des demandes de remboursements par les clients de toutes les prestations annulées, une absence totale de nouvelles prises de commandes pour les mois à venir, tels sont les facteurs qui vont impacter lourdement la trésorerie des entreprises opérant dans le secteur du tourisme mondial. Le secteur du tourisme se prépare à un long hiver Le secteur touristique mondial pourrait perdre entre 300 et 450 milliards de dollars cette année. La pandémie du nouveau coronavirus va entraîner une chute des visites touristiques de 20 à 30% en 2020, prévoit l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui s'attendait jusqu'à présent à une baisse de 1 à 3% par rapport à 2019. La pandémie ferait ainsi perdre de 5 à 7 ans de croissance à l'industrie touristique. Et des millions d'emplois risquent d'être détruits étant donné qu'environ 80% de toutes les entreprises touristiques sont des TPME qui souffrent des conséquences de la crise épidémique. Le secteur aérien lance un SOS Les compagnies aériennes vont perdre, en cumulé, 314 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2020 en raison de la pandémie, selon une nouvelle estimation de l'Association internationale du transport aérien (Iata). Au moment où les flottes de la quasi-totalité des compagnies sont clouées au sol, des dirigeants redoutent le pire et écartent les scenarii de reprise de l'aérien en 2020. Début avril, l'Iata estime que le trafic aérien mondial était en baisse de 80%. L'organisation a considérablement revu son estimation de la facture de la crise à la hausse : début mars, l'Iata estimait que le virus pourrait coûter au transport aérien jusqu'à 113 milliards de dollars de pertes de revenus en 2020. Un chiffrage ré-estimé à 252 milliards de dollars à la fin du mois, et désormais plus de 314 milliards de dollars. Ce montant de 314 milliards représente une chute de 55% des revenus passagers par rapport à 2019 avec une baisse de 48% du trafic aérien. Quid du secteur touristique au Maroc ? Le tourisme fait partie des secteurs qui paieront un lourd tribut dans cette crise sanitaire du covid-19. La Confédération nationale du tourisme (CNT) a évalué l'impact de la crise covid-19 à 34,1 MMDH de perte en termes de chiffre d'affaires touristiques en 2020 et de 14 MMDH de perte en termes de chiffre d'affaires pour l'hôtellerie. La CNT prévoit également une chute globale de près de 6 millions de touristes, qui occasionneront une perte totale de 11,6 millions de nuitées. Pas moins de 500.000 emplois et 8.500 entreprises seraient menacés, dont des entreprises d'hébergement touristiques classées, des entreprises de restauration touristique, des agences de voyages, des sociétés de transport touristique et des sociétés de location de voitures. En outre, les arrivées touristiques vont baisser à 30% par rapport à 2019. Depuis l'arrivée du coronavirus au Maroc, les annulations de réservations dans les hôtels se multiplient La lutte contre le coronavirus paralyse le tourisme mondial Le PIB français a chuté d'environ 6% au premier trimestre 2020, en raison de l'épidémie de covid-19 selon la Banque de France. Il s'agit de la pire performance trimestrielle de l'économie française depuis 1945. ADN tourisme et la Confédération des acteurs du tourisme, qui représentent, pour l'une, près de 1.300 structures institutionnelles du tourisme et, pour l'autre, une quinzaine d'organisations professionnelles du secteur, à dominante privée, ont adressé un courrier à Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, pour demander à ce que l'État reconnaisse la crise sanitaire actuelle comme état de catastrophe naturelle. ADN tourisme et la Confédération des acteurs du tourisme souhaitent également relayer, par ce courrier, la grande inquiétude des entreprises du secteur touristique, notamment les TPE et les PME, pour la majorité desquelles la crise se traduit par une perte de chiffre d'affaires de plus de 80%. En Allemagne, les professionnels considèrent que la situation est extrêmement grave et risque de mettre en danger le secteur dans son ensemble, compagnies aériennes et agences de voyages. Le gouvernement fédéral a mis en place des mesures d'accompagnement, qui restent à définir, afin de permettre à l'industrie du tourisme de sortir de cette crise dans les meilleures conditions possible. Au Royaume-Uni, le bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth recommande aux Britanniques de ne pas voyager pour le moment et pour ceux qui sont à l'étranger de prendre les dispositions nécessaires pour rentrer chez eux quand possible. ABTA (Association of British Travel Agents) et toute la profession du tourisme sont en discussion avec le gouvernement britannique pour un plan de soutien à réserver au secteur qui sera le secteur qui souffrira le plus des conséquences du coronavirus. En Italie, les tour-opérateurs, les agences de voyages et les organisateurs d'événements ont lancé le manifeste pour le tourisme italien sous forme de pétition à signer en ligne. Au Portugal, l'hôtellerie et la restauration, via leurs fédérations, demandent en urgence le déblocage de l'aide promise à ce secteur puisqu'elles seront dans l'obligation de procéder aux licenciements. Elles demandent également un allègement de la charge fiscale avec des exemptions temporaires. Le ministère du Développement polonais, dont relève le secteur du tourisme, travaille actuellement sur un programme nommé 1000+ dont l'objectif sera la relance du tourisme national interne cette opération de dimension sociale et économique permettrait aux familles les plus démunies de bénéficier de chèques vacances d'une valeur de 250€ et ainsi participer à la relance du tourisme national. Des dispositifs semblables sont déjà appliqués dans des pays comme la Hongrie ainsi que la Roumanie. Aux Etats-Unis, plusieurs sites touristiques ont été convertis en hôpitaux parce que la capacité hospitalière n'est pas suffisante surtout à New York.