Au vingt-et-unième jour de l'instauration de l'état d'urgence sanitaire au Maroc, Rabat donnait l'impression d'une ville non pas à l'arrêt mais une ville qui respectait les mesures en cours pour juguler la propagation du coronavirus. Depuis la déclaration de l'état d'urgence sanitaire, les R'batis semblent respecter les consignes restrictives. Aux points multiples de barrages, rien ne vient troubler l'ordre établi. Les R'batis ont, bel et bien, respecté les consignes de réduire drastiquement leurs déplacements. Dans les rues, ce vendredi 10 avril, on ne croise que ceux qui se déplacent pour travailler, se faire soigner ou acheter les produits de première nécessité. Les automobilistes, passants ou cyclistes portent des masques et respectent les gestes barrières. Les autorités ne badinent pas avec les règles : plusieurs barrages de sécurité ont fleuri sur les grands axes routiers. Et les passants observaient l'ordre de passage ou de contrôle, c'était selon. Aujourd'hui, seuls les déplacements justifiés sont désormais tolérés et conditionnés à la possession d'un document justificatif. Les sanctions sont dissuasives : tout contrevenant est soumis à une amende allant jusqu'à 1.300 dirhams et de peines allant jusqu'à trois mois de prison. Les forces de l'ordre ayant déjà informé que les sanctions seraient systématiques et impossible à négocier, l'annonce semble avoir eu son effet. A Rabat, les quartiers vivaient à leur rythme sans que nous ayons pu voir cette journée une tentative de contrevenir aux mesures en place. La nouvelle vie imposée par le danger du coronovirus semble être comprise de tous. Rappelons qu'un total de 24.311 individus ont été interpellés au niveau de l'ensemble des villes marocaines pour violation des mesures d'urgence sanitaire. La majorité des faits enregistrés se matérialisent par le refus d'obtempérer, la violation des mesures de l'état d'urgence et l'inapplication des directives des autorités publiques. Il s'agit aussi de l'attroupement, la désobéissance, l'incitation à l'attroupement et à la désobéissance, le non-respect des restrictions relatives à la circulation et le déplacement sans autorisation de quitter le domicile. Il y a quelques semaines, les gels hydro-alcooliques et les masques ont été vendus 3 ou 4 leur prix ordinaire. Les prix de ces moyens de protections ont été encadrés. Les pharmacies contrevenantes ont été fermées. Les R'batis, contents de ces mesures, s'assurent de sortir protégés pour éviter de se contaminer ou de contaminer autrui. Les habitants de Rabat ont également noté une forte baisse des prix des légumes et des légumineuses. La production est désormais effectuée de façon normale au niveau des exploitations, avec la prise des précautions nécessaires pour lutter contre le coronavirus. Les agents d'autorités, police et forces auxiliaires, auront réussi à faire intégrer à la population l'urgence de respecter les mesures en place. La capitale vit aussi au rythme de passage de personnels de nettoyage qui désinfectent les artères et les arrêts de bus, de trams, de taxis et autres endroits publics, avec une rigueur et une périodicité continues. Quant à la société civile, ses différentes actions rythment la vie r'batie sans relâche. Les activistes organisent le quotidien des populations des quartiers en déclinant les mesures de précaution dictées par les pouvoirs publics et en venant en aide aux personnes les plus vulnérables. Le personnel médical, les agents de propreté et d'hygiène, les associations ainsi que les forces de l'ordre sont tous mobilisés pour endiguer l'épidémie ; de quoi rassurer les R'batis qui sortent pour travailler, faire leurs courses ou se rendre, en cas de besoin chez le médecin. Ceux d'entre les habitants de la capitale qui restent chez eux, n'ayant pas d'obligation professionnelle pour sortir, essayent de s'ouvrir sur le monde extérieur, depuis leurs fenêtres, en se laissant bercer par les petits bruits des passants autorisés, de moteur des voitures ou des mobylettes, qui leur rappellent que malgré le confinement, le travail et la vie continuent.